Extrait du journal
Il convenait de laisser quelque temps le nouveau roi d’Italie à sa douleur avant de rechercher les indices sur les quels on pourrait juger de l’esprit du souverain, de l'attitude qu’il compte prendre vis-à-vis des puissances d'une part, de la papauté de l’autre. Il est en core sans doute un peu prématuré de baser une opinion sur les actes du roi Victor-Emmanuel ; mais déjà deux faits doivent fixer l’attention. Dans son allocution au président de la République l’envoyé spécial du roi, en notifiant à M. Loubet l’avènement du nouveau souverain, a fait entendre des paroles de cordiale amitié. S’il y a eu des nuages amoncelés par la politique entre l'Italie et la France, ces nuages se sont peu à peu dissipés, et l’Envoyé du Roi a donné l’assurance que rien ne viendrait troubler les bons rapports exis tant, et qu’au contraire ces rapports de viendraient plus fraternels de jour en jour. Depuis trente ans la nouvelle royauté existe; la responsabilité des évé nements de 1870 en est à son troisième degré — elle est donc bien affaiblie.L’en vahissement -de Rome par les Piémontais et les Garibaldiens, l’installation de la royauté au Quirinal sont aujourd’hui passés dans le domaine de l’histoire ; les puissances ont reconnu le nouveau royaume-uni ; diplomatiquement sont intervenues des conventions qui règlent sous la garantie des puissances les rela tions du Pape et du Roi. Les gouvernements n’ont donc plus de ce côté qu'à accepter le modus vivendi établi. La France après trente ans ne doit plus voir dans l’Italie qu’une nation comme les autres ses voisines, avec la quelle l'intérêt commande de vivre en bonne amitié. C’est à peu près ce qu’on dégage des paroles échangées entre le président de la République et l’envoyé du roi. Depuis cettft époque lointaine, un fossé s’était creusé entre les deux pays, non point, il faut le reconnaître, à cause de la prise de Rome, mais à cause de la politique suivie en Italie. En Italie, on redoutait de voir la France chercher à défaire l’œuvre entre prise il y a quarante ans ; c’était une crainte vainc, la France, travaillée par la Maçonnerie, n’est plus assez chré tienne pour prendre en main la défense des intérêts religieux et des droits du Saint-Siège ; non, la défiance était venue de ce que l’Italie s’était mise sousla pro tection de l’Allemagne ; nous pouvions craindre de voir la Triplice tenter quel que coup de Jarnac contre nous ; nous reprochions à l’Italie son ingratitude, « un bienfait reproché tient toujours lieu d’offense » ; l’Italie nous reprochait de son côté d’attaquer le gouvernement royal ; les polémiques de presse étaient vives ; elles le furent plus encore pen dant quelque temps, à propos du traité de commerce. Mais enfin, ce nuage est dissipé ; la paix est assurée, l’Allemagne ne nous a pas attaqués ; l’Italie n’a pas revendiqué Nice et la Savoie ; les anniversaires des batailles livrées en i85g ont été célébrés aux cris de : « Vive la France ! et Vive l’Italie ! » Le nouveau roi tenait à laisser enten dre à la France que, s’il maintenait son alliance avec l’Autriche et l’Allemagne, au moins provisoirement, nous ne de vions voir dans cette attitude qu’une de ces nécessités de la politique courante ; nous ne devions pas plus nous en émou voir qu’elle ne s’effrayait elle-même de notre alliance avec la Russie. 4-e R°i compte donc ne rien changer à l’état de chose actuel dans les rapports avec les états, la triplice est toujours de bout, mais elle ne menace pas la paix et Victor-Emmanuel s’efforce au contraire de se montrer aimable pour la France afin de bien lui faire comprendre que si la politique lui commande de s’asso cier avec les Allemands, son cœur le conduit vers ses frères Français. Le Roi persislera-t-il dans ces bons sentiments, on peut le croire ; le temps passe, affaiblissant bien des rancunes ; les causes de guerre semblent pour le moment écartées en Europe ; l’Alle magne et la France sont en excellents termes ; 1 Italie n aura donc pas à jouer on rôle à côté de l’Allemagne sur un champ de bataille, cette pensée est un soulagement pour l’esprit du roi. Avec le Vatican les rapports sont ce...
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
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