Extrait du journal
L’AFFAIRE CYVOCT Paris, 6 novembre. Le Matin confirme que, dès aujourd'hui, certains personnages politiques vont recom mencer leurs démarches en faveur de Cyvoct. M. Laguerre, que noire confrère a vu hier, a fait l'historique de cette cause retentissante à laquelle il se dévoua et qu’il n’abandonne pas encore, a-t-il dit De son interview, nous détachons cette anecdote : L'avocat général de Lyon avait promis à M* Laguerre une lutte courtoise , il fit appeler le défenseur et, lui désignant un dossier bleu pâle, il parla gravement « M* Laguerre, je dois vous prévenir que voilà un dossier qui m’arrive avec les preuves que le grand-père de Cyvoct fut con damné pour incendie volontaire dans une mai son habitée , il y a là une question d’at»visme intéressante que je compte développer devant le jury » M* Laguerre était inquiet , enfin, très ré solu, il répondit r « Soit, mai» je crois devoir vous avertir aussi que si vous soulevez cette question d’atavisme, je rappellerai aux jurés qu’un des plus hauts membres du gouvernement actuel est le petit-fils d'un homme mort au bagne et le petit neveu d’un condamné a mort, voila. » A l’audience, M" Laguerre surveillait le dossier bleu pâle sur le pupitre du ministère public. L'ouvrirait-il, ne l’ouvrirait-il pas ? Il ne l’ouvrit pas. LA GRÈVE DES GARÇONS BOUCHERS Paris, 6 novembre. Ce matin, à neuf heures, MM. Duffroché, déléSué des patrons bouchers, et Fournier, délégué es ouvriers charcutiers, se sont présentés chez le juge de paix du 1" arrondissement ; une entente n’ayant pu s’établir, le juge de paix a dressé un procès-verbal en conséquence, qu’il remettra cet après-midi au président du tribunal civil. La situation reste la même aux abattoir», où rien ne fait prévoir qu’une détente soit prête « s» produire ; après l'affiche placardée hier par le syndicat des patrons instant les ouvriers à re prendre le travail aux conditions anciennes, on espérait que quelques défections se seraient pro duites dans le camp des grévistes ; les ouvriers ont formellement refusé ce matin de réintégrer les écbaudoirs, suivant en cela les conseils que leur donnent M. Toussaint, député socialiste, et Jacquemin, conseiller général ae Pantin. A midi, il y avait 71 écbaudoirs d'ouverts où travaillent 218 personnes, dont 10 ouvriers et 208 patrons ou étahers , on constate cependant ce ma tin l’immixtion de l’élément étranger dans les abattoirs ou travaillent deux ouvriers venus de Lyon et un Suisse. La quantité de viande abattue aux abattoirs est la même qu'en temps ordinaire ; les halles reçoi vent, en outre, de grandes provisions achetées par les commissionnaires, de sorte qujil y aurait plu tôt surabondance de viande fraiche. En ce qui concerne les charcutiers, les patrons en gros ont embauché de nouveaux ouvriers qu’ils ont rapidement mis au courant et qui travail lent maintenant avec la même habileté que les grévistes. Dans le cas où les abattoirs seraient réglemen tés par le conseil municipal, la chambre syndi cale des charcutiers ferait construire à ses frais dans la banlieue des abattoirs où ils se serviraient f>our U tuerie de la machine américaine ce qui eur permettrait de diminuer leur personnel de 20 0/0 Les grévistes ont tenu-ce matin, salle Lalanne, une réunion au cours de laquelle 11 a été décidé que MM. Toussaint, député, et Jacquemin, con seiller général, se rendraient cet après-midi au près du bureau du conseil municipal pour le prier d'agir auprès du préfet de la Seine afin qu’il donne prochainement une sanction au vote régle mentant les abattoirs. . L’assemblée a ensuite approuvé les termes d'une affiche .invitant les bouviers, voituriers et me neurs de viande abattue à se joindre à la grève ; cette affiche se termine par l'avis suivant adressé aux patrons : ... « Nous prions MM. les patrons désireux de se faire déclasser plutôt que d’accepter nos justes reven dications, de mettre leur désir à exécution le plus tôt possible. • Les grévistes espèrent en effet que les patrons n abattant pas chaque jour la quantité de viande exigée par le cahier des charges, seront dépossé dés, par la ville, des écbaudoirs....
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
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