Extrait du journal

Si, par amour-propre, je fus content d’y être reçu (1875), j’y entrai sans plaisir, pour ne pas dire à contre cœur. Ne passais-je point, à plus de vingt ans — et pour trois ans! — d’un lycée d’externes : Charlemagne, à un internat, peu différent, somme toute, de ceux que j’avais connus dans mon enfance? On ne sortait de la Normale d’alors que le dimanche et le jeudi; encore, le jeudi, n’était-on libre que l’après-midi; et, même le dimanche, il fallait rentrer à dix heures du soir. Pas même donc, en dehors des vacances, une véritable soirée, soit pour aller au théâtre, soit pour se divertir en famille ou avec des amis, sans l’obsédante préoccupation de l’instant où se remettre en route vers l’illustre boîte. Pn retard de quelques minutes, et l’on était puni comme un potache par une privation de sortie. Heureux les normaliens depuis la réforme qui a si lar gement ouvert les portes de l’ancienne prison; les nor maliens pour qui Normale est une sorte d’hôtel meublé ofh'ant gratuitement à ses hôtes le vivre et le couvert, uvec une riche bibliothèque (450.000 volumes environ), fies laboratoires... et tout ce que Paris, visité, exploré par de jeunes intelligences curieuses, peut ajouter de culture vivante aux enseignements scolaires (1). (1) Voir le magnifique roman-fleuve de Jules Romains : les Hommes de bonne volonté....