Extrait du journal

MIU Sarah Félix est la sœur de Mlle Rachel. Il y a quelques années, elle voulut débuter à l'Opéra et étudia au Conservatoire. Soit que sa voix net pas l’ampleur nécessaire pour notre première scène lyrique, soit quelle craignit de ne pas trouver sur ce théâtre une position digne du nom qu'elle porte, elle renonça à ces études et prit la route du drame. Nous l'avons vue à la Gaîté, d'où elle vint à l'Odéon. Les succès qu'elle obtint sur cette scène attirèrent l'attention de la ComédieFrançaise qui l'engagea comme pensionnaire. Mlle Sarah Félix prit son art au sérieux et fit tout ce qui dépendait d'elle pour arriver à l’avenir quelle rêvait. Mais sa position ne changeait pas, malgré toutes les preuves de zèle et de dévouement quelle donnait. Aux Français, tant que l’on n'est pas sociétaire, on est à la merci des événements. On peut se trouver dépossédée au moment où l'on croit réaliser le rêve que l'on a fait. M111 Sarah Félix ne voyant pas arriver la promotion qu’elle espérait, et s'ennuyant d'être reléguée au second rang, a mieux aimé être la première à l'Odéon que la seconde rue Richelieu, et elle a bravement repassé les ponts. Le Bougeoir, les Droits de l'homme, la Grand"Mère, de M. Scribe, et Ehnire, de Tartuffe, ce personnage si difficile depuis Mlle Mars, et dans lequel même on trouvait Mlle Mars inférieure à Mlle Contai (il y a des gens qui contestent même la perfection et trouvent des taches dans le diamant le plus pur), tous ces rôles, disons-nous, ont été favorables à Mllc Sarah Félix. Elle a de la beauté, elle a de la grâce, elle a de l’esprit; on fait l’éloge de la bonté de son cœur. Quand la beauté du corps et la bonté de l’âme...