Extrait du journal

1 Messieurs et chers camarades, Il y a quatorze ans, M. le baron Taylor réunissait chez lui des acteurs de différents théories ; il les entretenait de leurs camarades pauvres et (chose plus cruelle) languissant dans une pauvreté sans espoir; il leur I montrait l'incertitude de leur propre avenir, la nées- I I bité de s’unir entre eux pour conjurer des chances fatales, pour secourir des misères nombreuses. Il combat- I tait îles préventions et des craintes nées d’un essai mal- I heureux, et, jetant sur la table qui le séparait de son I auditoire un billet de banque de mille francs, il se- I criait : Voilà le premier fonds de la généreuse entre- I prise à laquelle je vous convie, de la caisse fraternelle que j’inaugure en ce moment. Dût mon offrande y tomber seule, je ne la reprendrai point, læs intérêts produits par le placement qui en sera fait s’accumuleront sans cesse jusqu’au jour où ils formeront une I somme digne d’être offerte à l’infortune la plus respectable du théâtre. Cette somme deviendra la pension viagère d’un artiste dramatique, et le décès du titulaire I créera à l’instant même un titulaire nouveau ; car cette rente sera perpétuelle comme le sont, hélas ! les misères auxquelles elle est consacrée....