Extrait du journal

dans sa vie réelle une aisance d'ouvriers économes, qui ont payé par petites traites mensuelles la machine à coudre et l'abat-jour en perles, l'armoire à glace en pitchpin, la radio et la copie encadrée d'or de l'Angelus de Millet, et son rêve la situait à un étage ou deux audessus de ce déplaisant bric-à-brac. Pour s'évader de la réalité, le poète de Musset gagnait vingt francs à des chroniques ou des contes. Violette Nozière, sans prendre souci de la dévaluation des signes monétaires, gagnait la même somme à louer à des rustres une jeunesse qui, somme toute, valait davantage. Au moyen de quoi elle allait, au Quartier Latin, éblouir des bellâtres que, sans la crise, elle n'aurait point trouvés là, car ils eussent été occupés à faire pirouetter en musique les Américaines d'~ge canonique pour qui la danse et l'amour sont affaire de dollars....