Extrait du journal

Non, ne me dites pas que notre Courteline est mort. Je ne peux pas m'habituer à l'idée que son bon rire s'est figé, qu'une petite flamme aiguë comme celle qu'on voit à l'œil des oiseaux ne danse plus dans son regard perçant, que ses cheveux en baguettes de tambour — MarieJeanne, compagne admirable de ses dernières années de souffrance, l'appelait toujours en souriant : Le Frisé. — que ses cheveux sont lissés par une main pieuse et ne s'ébourifferont plus aux courants d'air d'une porte de café. Courteline, je veux le revoir, allant accrocher au porte-manteau l'auréole que lui a donnée la gloire. Je le revois, devant sa consommation. Il a supendu à la patère la célébrité dont il est investi et il a fourré dans le porte-parapluie son sceptre de Prince des auteurs comiques. Je le revois devant nous, tel que nous l'aimions, tel que nous l'admirions, plus alerte que nous tous, souriant, spirituel, accueillant, blagueur, jeune par l'éternelle jeunesse de l'âme....