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Paris, 15 janvier 1883

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Paris
15 janvier 1883


Extrait du journal

M. SARDOU Je la dois à l’histoire. Je l’ai puisée dans le récit des démêlés fameux d’Antonio Ferez et de Philippe II. Vous vous rappelez qu’Antonio Ferez fut forcé de fuir la colère de Philippe irrité contre lui, autant à cause de ses menées politiques, qu’à cause de l’effronterie que le favori avait eue de souffler au roi sa maîtresse, la princesse d’Eboli. Antonio put gagner la frontière et se réfugier à Bordeaux. Philippe II l’y poursuivit de sa haine, et, pour cela, il usa d’un moyen bien digne de ce monarque. Il savait p?r expérience son ancien ministre très porté à la ga lanterie; il lui expédia donc une jolie fille de mœurs complaisantes, qui avait pour mission d’espionner Antonio Ferez, de lire toutes ses lettres et d’en trans mettre le contenu au roi, lequel soupçon nait, avec raison, son ancien confident de correspondre avec le roi de France et de lui livrer tous les secrets de la poli tique espagnole. Cette jolie espionne avait, en outre, pour instruction, de faire tomber Ferez dans quelque piège, dans quelque guet-apens, où des gens apostés par le roi s’empareraient de lui et le transporteraient en Espagne. Les choses allèrent d’abord comme l’a vait pressenti Philippe II. La fille vint, coqueta, Antonio so lais sa séduire, la prit pour maîtresse, et la laissa tranquillement s'installer chez lui, fouiller dans tous ses papiers, pénétrer tous les mystères de sa vie et de sa pen sée. Cela dura quelque temps. Mais il advint une chose que Sa Ma jesté. Catholique n’avait pas prévue : c’est que la drôlesse se prit à aimer son amant d’un amour véritable, et qu'au lieu de livrer Antonio Ferez au roi, elle avertit au contraire Antonio de tous les pièges qu’on lui tendait. Enfin, elle s'enfuit avec lui à Paris. Je voyais là un nouvel aspect de la courtisane amoureuse, qui me parut of frir un joli sujet de pièce. 11 n’y avait plus qu’à le creuser. Je lui ouvris alors un dossier, et, de temps à autre, une nouvelle réflexion, une note, un aperçu nouveau venaient s’ajouter au scénario primitif formulés en quinze lignes tout au plus. moi Ah ! c’est douer votre façon de préparer vos œuvres ?...

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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