Extrait du journal
A TRAVERS PARIS LE Cuite üu toui..t mMwuü Vous connaissez, au moins de réputation, le zouave Jacob? Ce qu’il y a de meilleur dans l'homme, ce n’est pas son chien. Ce grincheux animal a la folâtre habitude de mordre les jambes des malades qui vien nent se faire soigner chez son maître. Ce qui l’amène à passer devant le tribunal. Mais, comme la justice n’est pas faite pour les chiens, c’est à sa place, et comme res ponsable, que son maître y comparaît. Nous avons déjà eu l’avantage de le voir plusieurs fois aux prises avec les magis trats pour des morceaux de pantalon que ce terrible aboyeur avait cruellement dérobés. Ce repris de justice a été condamné hier dans la personne du zouave Jacob à seize francs d’amende et à cent francs de domma ges intérêts. Chien, mon ami, conviens qu’il faut qu’un maître ne soit pas chien pour payer une somme pareille. Au dernier procès, il s’était produit un incident d’audience assez curieux. Le pré sident avait cru nécessaire de rappeler au prévenu qu’il avait été condamné pour exercice illégal do la médecine. « Ah! oui, s’était écrié l’ancien trombone, parlons-en de ma condamnation, elle a fait rire les cinq parties du monde. Est-ce que je fais de la médecine? Des gens malades vien nent chez moi, je les regarde et je leur dis: « Allez, vous ôtes guéris i *» Ils s’én vont, ils sont guéris. Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse? C'est l’influence du regard dans les yeux. — En ce cas, lui répondit le président, vous auriez bien dû regarder votre chien dans les yeux pour l’empêcher de mordre le monde. » Cette fois, le zouave, qui est maintenant un petit vieux, a exposé au tribunal une autre théorie. Il a raconté qu’il guérissait ses malades en leur faisant des conférences sur la théologie et la théogonie. Il paraît que c’est souverain. Des malheureux répu tés incurables, que tous les médecins avaient abandonnés, qui avaient lassé l’ima gination des pharmacies spécialistes (et l'on sait cependant si elle est riche) ont cédé au traitement par la théologie. Avec les plus rebelles il a suffi de joindre la théogo nie. Ça a le même goût, mais c’est plus énergique. Le tribunal ne lui a pas permis d’exposer jusqu’au bout son ingénieux système. C’est dommage, nous avions là une consultation dont nous aurions pu tirer le plus grand bénéfice. Qui sait même si ce Jacob, qui est un ami de l’humanité, ne se fait pas traîner devant les tribunaux pour avoir l’occasion de donner gratuitement au peuple la for mule de ses remèdes? C’est qu’ils sont pré cieux pour leur simplicité, celui du premier procès surtout; car la théogonie, on n'a pas toujours ça chez soi. Mais quoi de plus fa cile que de regarder les malades dans le blanc des yeux et do leur dire : « Vous êtes guéris »?...
À propos
Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.
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