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Paris, 17 novembre 1891

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Paris
17 novembre 1891


Extrait du journal

rÆs mineurs du Pas-de-Calais. — La réunion d'hier. — La grève générale déclarée. — L'avis de MH. Basly et Marmollan. La situation dans le Pas-dc Calais vient de le révéler très grave. Hier, en effet, avait lieu, à Lens, la réunion plénière des délégués du syndicat houiller du Pas-de-Calais. La réunion, que présidait M. Basly, député, a été assez houleuse. Cent vingt délégués environ y assistaient. Tout d’abord, M. Lamendin. secrétaire géné ral du Syndicat, a donné lecture des réponses des Compagnies. Puis, la discussion s’est en gagée. M. Basly a communiqué aux délégués une dépêche de M. Constans, ministre de l’intérieur, annonçant l’intention du gouvernement de re prendre le projet de loi sur la caisse des se cours et de retraites, voté par la précédente lé gislature et qui est en ce moment en suspens »u Sénat. Faisant remarquer que les termes de cette dépêche sont des plus rassurants, et affirment tes bonnes dispositions du gouvernement, M. Basly se prononce contre la grève et demande l'envoi à Paris de délégués qui, accompagnés par lui, iront présenter au président du conseil les doléances des ouvriers. Cette proposition a souri à l'assemblée qui, après un assez long débat, a désigné dix délé guée. Mais en même temps et sur la demande d’un grand nombre d’assistants, on procède au vote, par appel nominal et au scrutin secret, sur 1 oulerture de la grève. Par 48 voix contre 46 pour l'envoi d'une délé gation et un bulletin blanc, la grève générale tst proclamée. M. Basly déclare alors que, quoique opposé à la grève, fl se range à l’avis de la majorité. Des félicitations lui sont votées pour la franchise de ion attitude. La décision de l’assemblée, aussitôt connue, a produit à Lens une vive impression. Les commerçants de la ville sont très décou ragés et voient l’avenirassez sombre. Il est évident que si la décision prise par les mineurs du Pas-de-Calais entraînait ceux du Nord, comme cela est à craindre, et peut-être même ceux du bassin de la Loire, la situation leviendrait des plus graves. Il faut souhaiter qu il n’en sera rienet que les ispérances dès aujourd’hui conçues par les Compagnies anglaises qui suivent le mouve ment avec un intérêt facile à comprendre, ne te réaliseront pas. Nous avons immédiatement ouvert une en quête sur cette grosse question. AI. Basly C'est par le train arrivant en gare ce matin, à jnze heures trente, que M. Basly est rentré à Paris. Ii a déjeuné dans un restaurant voisin de ,i gare et s'est rendu ensuite à la Chambre. Ainsi que nous l’avons indiqué plus haut, le député du Pas-de-Calais était désireux de tout | Miter pour éviter le conflit ; mais, a-t-il dit, l’attitude des Compagnies était de nature à faire prévoir la décision que les mineurs viennent de prendre. Indépendamment de la question du salaire, notoirement insuffisant et dont les mineurs ne te contentent plus, deux questions encore préoccupent à bon droit les ouvriers : celle des pensions et celle de l’organisation de la caisse des retraites. Et sur ces questions notamment, fe syndicat général n’était guère disposé à tranLà. est la principale cause de la nouvelle grève. Sur ces points, en effet, la désinvolture de la Compagnie est surprenante. Les ouvriers ont droit à une pension de re traite de 720 francs après trente ans de service, et cela en vertu de statuts acceptés et môme élaborés par les compagnies. Or celles-ci ont une façon fort simple de se soustraire à cette charge. Elles invoquent un article de leur règlement qui porte « que les pensions de retraite ne pourront être accordées que lorsque les méde cins auront constaté que l'ouvrier est absolu ment incapable de travailler ». Ceux-ci, choisis par elles, ne délivrent ces certificats que lorsque l’ouvrier est mourant, et ie tour est ainsi joué. Voilà comment un ouvrier demeuré vingt-cinq ou trente ans au service des Compagnies, après y avoir contracté des infirmités ou des maladies, après avoir eu à supporter chaque mois un énorme prélèvementsur son salaire, en arrive, ne pouvant plus travailler, à être congédié pure ment et simplement et à rester avec toute sa tamille garni reséoarce»....

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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