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Revue de l'enseignement primaire et primaire supérieur, 20 mars 1927

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Revue de l'enseignement primaire et primaire supérieur
20 mars 1927


Extrait du journal

demandons à la musique autre chose que des prouesses techniques nouvelles, et qui ressentons profondément Fivresae musicale. Pour nous, la musique est un langage supérieur, capable de traduire au moyen de nuances infinies ce que les mots lourds et maladroits — « les faibles mots aux sons courts », comme dit Mauclair — sont incapables d’exprimer. Pour traduire es qui se passe en nous-même, nous trouvons dee bornes étroitement circonscrites ; des mots, de pauvres mots pour exprimer l'infini, l’exaltation de l’être ordinaire sous l’influence d’une aspiration généreuse ou d’un sentiment. Nous rêvons alors d’im langage ailé, profond, subtil, capable d’épouser dans tous ses méandres la ferveur de l'âme, l'ardeur de l’imagination... Ce langage, des êtres privilégiés ont pu l’employer, l'adapter à leurs émotions : pour cette admirable école romantique allemande du xviii® siècle et du début du xixe siècle, la musique fut en effet un * langage » et non une technique. Aussi l'improvisation tenait-elle à cette époque une place bien plus importante qu’actuelle ment. A cet égard, bien qu étant des profanes, nous pouvons nous permettre de mêler à beaucoup de voix « qualifiées » tm élan d'admiration pour Beethoven. Car on ne peut écouter cette musique subjective sans étendre les émotions éprouvées aussi bien au compositeur qu’à l’homme. La musique était à tel point son langage qu’il l'employait pour exprimer ses sentiments. On raconte qu'étant allé voir une dame de ses amies qui avait perdu son fils, il prit la main de la mère désespérée, la mit sur son cœur et dit : < Ce que je sens là, le clavecin va vous le dire pour moi. ■ Puis il se mit à improviser, et trouva de tels...

À propos

Données de classification
  • beethoven
  • eoche
  • mauclair