Extrait du journal

Que faire? M. Godart va bientôt nous quitter. Quelle impression emportera-t-il de son voyage à travers notre colonie ? Voyage qui aura été très court sans doute, mais où il aura visité tous les pays de l’Union et dans des con ditions telles qu elles lui auront permis néanmoins de prendre contact avec bien des réalités indochinoises. Certaines de ses déclarations publiques, les réponses qu il a faites à tels directeurs ou représentants de journaux, qui l’ont interviewé, nous autorisent à en préjuger. D abord ceci, qui sera plus qu une impression mais une conviction ferme: La France a le droit d’être fière de 1 œuvre quelle a accomplie en Indochine avec de faibles moyens, somme toute, et en moins de cent ans. Cette œuvre est inscrite sur le sol Indochinois par des réalisations devant lesquelles quiconque n’est pas affligé d un esprit de dénigrement systéma tique ne peut que se découvrir. Ensuite, cette autre conviction, non moins ferme, que le problème social en Indochine, du fait que l’industrie n’y est encore qu em bryonnaire et que le prolétariat industriel n’y constitue donc qu une petite minorité, est surtout un problème rural, un problème paysan, qui con cerne la vie de 80 /. des habitants du pays. Ce que M Godart a vu aussi et bien vu —il nous la dit à nous-même—,c’est l’immense misère des masses paysannes surtout en Annam et au Tonkin, misère matérielle, qui apparaît dans l’homme, sa nourriture, sa vêture et son logement,misère physiologique, intellectuelle et morale. Misère de Ventant, misère de la femme et de l’homme à tous les âges. Misère générale....