Extrait du journal

Les Elections Législatives vont avoir lieu le 22 avril, et, une fois de plus, les Françaises sont écartées de la consulta tion nationale. Nous en avions la crainte l’an dernier à pareille époque, et c’est pourquoi nous avions accueilli avec joie la perspective de voir englober le suffrage féminin dans la réforme électorale. Celle-ci in téressant au plus (haut point tous les parlementaires, nous étions assurées qu’elle aboutirait dans les délais voulus, et nous aurions profité de la célérité avec laquelle ces messieurs ont statué sur leur mode de réélection. Malheureusement, toutes les sociétés suffragistes ne partagèrent point notre manière de voir, et les radicaux furent encouragés dans leur décision de ne point s’occuper du suffrage féminin en même temps que du suffrage masculin — c’est-à-aire de ne point s’en occuper du tout. Les socialistes se joignirent à eux; seuls les membres de la Fédération républicaine, de l’Alliance Démocrati que, des Démocrates populaires et du Parti communiste votèrent pour nous. Ils ne représentaient pas la majorité, et notre cause fut à nouveau enterrée sous les fleurs. Que l’on puisse encore dans un pays où la femme tient tant d’emplois diffé rents et contribue de manière si efficace à la vie économique de la Nation lui refuser le droit de vote, c’est à peine croyable, et cela ne peut s’expliquer que par l’importance qu’a prise chez nous la politique — la politique de parti. Certains parlementaires n’enten dent pas que nous votions avant d’être sûrs que nous voterons pour eux, et, comme l’écrivait un éminent professeur de droit, ils considèrent le suffrage non pour les électeurs qui en usent, mais pour les élus qui en profitent. Ceci est le passé. Or, rien ne sert de gémir, il faut préparer l'avenir. C’est pourquoi nous avons organisé à l’Union Nationale pour le Vote des Femmes une énergique campagne suffragiste pendant la période électorale. L’ « Appel aux Candidats » que vous pouvez lire dans ce journal, fut adressé à un millier d’entre eux. De nombreuses réponses nous sont déjà parvenues, affirmant la volonté de leurs auteurs de nous donner nos droits politiques dans le plus bref délai. Nous saurons nous en souvenir en temps utile. Nos groupes de Paris et de province se montrent également très actifs, aussi la question suffragiste se trouvera-t-elle posée au 22 avril com me elle ne l’a jamais été jusqu’ici. Parallèlement à cette campagne pour le vote, nous avons voulu mener une campagne contre l’abstention. Les hom mes qui se montrent si jaloux de leurs prérogatives électorales les oublient trop souvent let jour du scrutin. Le moindre prétexte leur est bon : « Le candidat ne représente pas complète ment leurs idées... » « Tous les députés se valent, à quoi bun se déranger... » « Un tel est sùr d’être nommé..., etc., etc... » C’est à nous — les mineures poli tiques — de rappeler leurs devoirs civi ques à nos maris, à nos frères, à nos fils. Sans doute ooimprendront-ils alors que nous sommes dignes de les remplir! Conscientes de la gravité de l’heure présente, et de la nécessité oour chacun de lutter pour ses opinions, nous devons user de toute notre influence pour en voyer voter ceux qui, actuellement, ont seuls le pouvoir de défendre nos inté rêts, nos familles, nos croyances, notre pays. LE VERT CHOTARD....