Extrait du journal
Bonne année, souhait banal, souhait rituel, mais charmante tradition qui vaut seulement par la pensée en fermée sous la formule conventionnelle. Bonne année ! Que d’espoirs, que de rêves, que d’anxiétés, cachent souvent ces deux mots. Quelque chose vient de finir, laissant derrière soi tout un passé de joies, d’efforts, de tristesses, d’affreuses douleurs parfois ; quelque chose commence, de neuf, de jeune, qui verra peut-être mne réalisation, l’heure de Ixmheur à laquelle chacun rêve toute la vie... Mais quelque chose aussi qui est le mystère, l’inconnu et apportera à celui-ci ses derniers instants, ici-bas, a celui-là un chagrin, une déception, à '•(‘t autre l’accident qui fera de lui un éternel infirme ou la passion qui le ren dra un jouet, à cette nation, enfin, que sait-on, l’indicible horreur d'une guerre. Bonne année, bonne année, leit-motiv que chacun Tépète en hâte, peut-être pour conjurer le mauvais sort. Bonne année à vous toutes, amies tectrices, à l’heureuse maman qui élève au foyer dont elle est l’âme de joyeux bambins ; aux plus jeunes qui atten dent à chaque tournant que la vie. pour elles, se précise, et surtout à la solitaire qui trouve dans le travail sa plus grande part de joie et ressent plus intensément (peut-être, en cette période de liessegénérale et de réunions familiales, toute la tristesse de son isolement. A celle-ci une pensée très particulière est ici donnée et ce journal, lien entre tou tes les femmes, doit être pour elle, plus encore que pour les autres, une réalité vivante où elle pourra trouver l’écho de sa pensée, une aide matérielle et un soutien moral. Et nous toutes, femmes, que devonsnous demander à l’année qui s’ouvre ? Qu'elle apporte pur devers le monde un esprit de concorde qui, malheureu sement, n’y règne pas encore, esprit de cohésion, d’entente, aidant les gens h se comprendre, à se pénétrer, empê chant les dissensions sur les points de détail et permetant à tous ceux qui poursuivent un même idéal d’aller droit leur chemin sans perdre, en vaines que relles, une iKirtie des forces si nécessaï„ res pour faire triompher une juste cause. Quelle apporte à la femme française son émancipation politique grâce à laquelle celle-ci pourra dispenser plus efficacement à la famille et à la patrie les ressources immenses de son activité morale et intellectuelle. Et. dans ce but, souhaitons h nos sénateurs non encore convaincus d exa miner plus à fond la question en se dégageant de toute contingence.-, accessoire. Souhaitons-leur également de réaliser que s’ils doivent, dans le pays, représenter « les sages », ils ne doivent pas, sous ce prétexte, fermer les yeux à tout prix aux faits sociaux nouveaux créés par la société moderne : La nécessité d’émanciper politiquement la femme en est un. ils s en aviseront, n’en doutons pas, le jour où ils vou dront bien traiter — impartialement le problème. Et souhaitons aussi à notre journal de répondre de plus en plus aux besoins de chacune, souhaitons-lui de pénétrer chaque jour davantage dans des milieux différents ; il est un peu votre enfant, amies lectrices, prouvez-le lui en lui apportant -pour ses étrennes au moins, chacune, deux nouvelles abonnées. Henriette CHANDET....
Données de classification - v.va
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