Et là, on voit le début de l’engrenage. Le duc d’Orléans qui entre sous les vivats, se démarque du reste de la famille royale, confirmant sa position d’opposant, de rival potentiel, éventuellement de régent.
« L’on appelle la bailliage de Villers-Cotterets ; le député du clergé est un curé à portion congrue ; le député de la noblesse est Mgr. le duc d’Orléans. le curé voulût faire entrer Mgr. le duc d’Orléans avant lui. Celui-ci refusa ; à peine parut-il dans la salle, qu’elle retentit d’applaudissemens (sic) et de cris vive Mgr. le duc d’Orléans. »
Quatre ans plus tard, il votera la mort de son cousin. Celui-ci, le roi, Louis XVI se félicite de l’ouverture des États généraux mais il manifeste immédiatement des réserves contre des tentations trop grandes de réformes.
« Bientôt le roi paraît ; les applaudissemens (sic) les plus vifs se font entendre [...]. On remarque que ses regards se promènent avec un air satisfait sur la réunion imposante des députés du royaume. [...]
“Messieurs, ce jour que mon coeur attendait depuis long-tems (sic) est enfin arrivé, et je me vois entouré des représentans (sic) de la Nation à laquelle je me fais gloire de commander. [...]
Une inquiétude générale, un désir exagéré d’innovations, se sont emparés des esprits, et finiraient par égarer totalement les opinions, si on ne se hâtait de les fixer par une réunion d’avis sages et modérés.
C’est dans cette confiance, Messieurs, que je vous ai rassemblés [...].” »
Si ce n’est pas la Révolution, ni même une révolte, c’est le début de cette perte de contrôle de l’État qui ira de mal en pis jusqu’à la vraie révolution du 10 août 1792.
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Jean-Clément Martin est historien professeur honoraire Université Paris 1, et ancien directeur de l'Institut d'Histoire de la Révolution Française.