Partout, le même type de rumeurs : des brigands profiteraient de la désorganisation du pays pour piller les campagnes et terroriser les habitants. Pour certains, c’est la preuve que la Révolution n’apporte rien de bon : la colère du peuple, invoquée par les révolutionnaires, ne serait que le masque d’une sauvagerie populaire que l’effondrement de l’autorité aurait soudain libérée.
Le 23 juillet, effrayé par les violences qui semblaient ne plus vouloir s’arrêter depuis la prise de la Bastille, le très conservateur député de Saint-Domingue Gouy d’Arcy, lui-même habitué la répression des esclaves, avait déjà appelé à une réaction musclée : « il faut prendre sur-le-champ les moyens les plus efficaces et les plus prompts pour arrêter ce désordre » (Gazette nationale ou le Moniteur universel, 23 juillet 1789).
Et pourtant, le 1er août, le journal L’Observateur donne une tout autre analyse :
« Des bourgeois et des paysans ont brûlé en Dauphiné, non pas trente châteaux, comme on s’est plu à le dire, mais les papiers terriers d’une trentaine de châteaux. II n’y a eu jusqu’à présent que deux châteaux brûlés […]. Ces maux sont affreux ; il faudrait ne pas les aggraver dans des récits. »