Frederico José de Santa Anna Nery, célèbre publiciste et abolitionniste brésilien, est le grand organisateur de ce banquet que Le Figaro salue comme « le plus extraordinaire que la colonie brésilienne réalisa à Paris », dans son édition du 10 juillet 1888.
Il se tient à l’initiative du comité franco-brésilien en charge d’organiser la représentation du Brésil à l’Exposition universelle de Paris en 1889. D’éminentes personnalités du monde politique français, parmi lesquelles les présidents des deux chambres législatives et Jules Ferry, ont participé à cet événement mondain ; événement au cours duquel le ministre des Affaires étrangères, René Goblet, a fait un long discours reproduit in extenso dans plusieurs journaux, notamment Le Rappel, dans son édition du 12 juillet 1888. Sur le plan symbolique, un tel banquet devait acter l’entrée de l’Empire dans le giron des grandes nations civilisées, dans un mouvement que l’Exposition universelle de 1889 viendrait prolonger opportunément.
C’était sans compter toutefois avec la crise politique qui secouait le Brésil, prélude au renversement de l’Empire l’année suivante et à l’exil de l’empereur à Paris, où il mourra en 1891.
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Sébastien Rozeaux est historien, spécialiste de l’histoire du Brésil et de l’Amérique latine. Il a notamment publié Préhistoire de la lusophonie. Les relations culturelles luso-brésiliennes au XIXe siècle, aux éditions du Poisson volant.
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Pour en savoir plus :
S. Rozeaux, « Un homme de lettres brésilien à Paris : Frederico José de Santa Anna Nery (1848-1901), in: E. Viana Martin, N. Kermele, M. E. Chaves de Mello et J. L. Jobim (dir.), Dialogues France-Brésil. Circulations, représentations, imaginaires, Presses de l'Université de Pau et des pays de l'Adour, 2018
S. Rozeaux, « L’agence Havas et l’actualité internationale dans la presse brésilienne (seconde moitié du XIXe siècle », in: Monde(s), 2019