1922 : prise de pouvoir de Bénito Mussolini
Le 25 novembre 1922, la Chambre des députés et le Sénat votent les pleins pouvoirs à Mussolini pour un an, ouvrant la voie à une dictature totalitaire qui durera jusqu’en 1943.
Novembre 1922. Quelque 40 000 Chemises noires, les milices de Mussolini, sont aux portes de Rome, qu'il a promis de prendre par la force si le pouvoir ne lui était pas confié. La Marche sur Rome porte ses fruits : le 29 octobre 1922, le roi d'Italie Victor-Emmanuel III nomme Benito Mussolini président du Conseil.
L'envoyé spécial à Rome du quotidien conservateur et anti-communiste Le Matin prend des accents lyriques pour glorifier la victoire de Mussolini :
"Le fascisme a réalisé cet après-midi le rêve magnifique de sa jeune existence. Vainqueur, il est entré dans la Ville éternelle pour y saluer, aux côtés de son souverain, le gouvernement de son choix et le maître de son cœur [...].
À deux heures de l'après-midi, le « fascio » est entré dans Rome. C'est le premier acte du gouvernement de M. Mussolini, c'est la première de ses promesses qu'il réalise. L'entrée dans Rome ! Comment vous faire comprendre ce que cela peut contenir de joie, d'orgueil, de triomphe, de folie pour ces « chemises noires » qu'un ordre précurseur de la victoire arrête ici en plein élan aux portes mêmes de l'Urbs."
Quelques jours plus tard, le 25 novembre, la Chambre et le Sénat votent les pleins pouvoirs à Mussolini. La nouvelle est relayée en quelques lignes par la presse française comme s’il s’agissait d’une information banale. Un entrefilet annonce dans Le Journal : « Mussolini dictateur », le 26 novembre.
Seul le journal L’Humanité commente :
"La chambre italienne se suicide. Elle a décidé de s'ajourner sine die après avoir pourvu le dictateur des pleins pouvoirs qui lui permettront de résoudre « librement », dit l'ordre du jour voté, et « sans les difficultés de la procédure parlementaire », toutes les questions administratives et financières. C'est par 275 voix contre 90 que la Chambre italienne a institué un tel régime qui équivaut au rétablissement du pouvoir absolu."