1936 : La dissolution des ligues d'extrême droite
Après une série d'incidents violents, les ligues nationalistes sont dissoutes en France en 1936, sous l'impulsion du Front populaire.
Dans les années 1930, la crise économique, sociale et politique qui secoue l’Europe, s’accompagne d’une montée des groupes fascistes et, en France, de ligues telles que la Croix-de-Feu, la Ligue d’Action française, le Parti franciste ou encore les Camelots du roi, à l'origine d'actions violentes menées dans toute la France.
Le 6 février 1934, les ligues nationalistes appellent à manifester dans toute la France. Les manifestations dégénèrent en émeutes aux abords de l'Assemblée nationale. Le bilan est lourd : quinze morts et plus de 1400 blessés (voir notre vidéo et notre dossier).
Face à la menace des ligues d'extrême droite et à la violence de leurs actions, la République et plus particulièrement la gauche socialiste et communiste réagit en s'unissant pour exiger leur dissolution, avec une conviction : seule l'unité pourra barrer la route au fascisme.
L'Humanité mène en ce sens une campagne tambour battant. En juin 1935, le quotidien relaie les appels au rassemblement :
"Pour imposer le désarmement et la dissolution des ligues fascistes, les partis communiste et socialiste appellent au rassemblement de toutes les forces de liberté.
La fraction communiste à la Chambre propose au groupe socialiste le dépôt d'une résolution exigeant du gouvernement des mesures immédiates.
Elle demande aux autres groupes de gauche de s'associer à cette action."
16 novembre 1935 à Limoges, un militant de gauche trouve la mort après un affrontement avec des membres des Croix-de-Feu.
"Attendra-t-on de nouveaux crimes pour désarmer et pour dissoudre les ligues d'assassins ?", interroge le 18 novembre L'Humanité, qui titre "La Rocque [le chef des Croix-de-Feu] en prison".
"Dissolution des Croix-de-Feu !", réagit également le quotidien socialiste Le Populaire.
Le 10 janvier 1936, les députés votent une loi permettant la dissolution de ces groupes d’extrême droite menaçant la République.
Les premières ont lieu dès février 1936 : alors que Léon Blum a été violemment frappé par des militants d'Action française, le Conseil des ministres décide immédiatement la dissolution de plusieurs ligues, comme on peut le lire par exemple dans Le Matin.
Porté au pouvoir en juin, le Front populaire poursuit la politique de dissolution des ligues. Les débats à l'Assemblée sont houleux (voir par exemple L'Ouest-Éclair du 1er juillet 1936).
Le Journal rapporte les raisons du gouvernement :
"Le gouvernement arrivé au pouvoir le 4 juin 1936 entend servir l'ordre républicain et respecter les volontés du suffrage universel. Il ne saurait admettre l'existence illicite de groupements de fait ou de droit qui, sous prétexte de servir l'intérêt général, se dressent contre les institutions légales du pays, veulent imposer par la force leurs doctrines et leurs solutions, et apportent ainsi, par leur organisation et leur activité, un ferment de trouble et d'agitation, nuisible à la bonne tenue morale et aux intérêts de la nation."
L'élimination des ligues nationalistes est en marche.