18 Brumaire : Coup d'État de Bonaparte
Le 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799), Napoléon fait tomber le régime du Directoire. Son coup d’État signe la fin de la Révolution française et le début du Consulat.
Novembre 1799. Dix ans après la Révolution et cinq ans après la mise en place du Directoire, l’échec du régime est acté : les finances vont mal, les assemblées sont impuissantes et modérés, jacobins comme royalistes appellent à un changement de régime.
Conseillé par Talleyrand, Fouché et Sieyès, appuyé par son frère Lucien, président du Conseil des Cinq-Cents, Bonaparte décide de prendre le risque d’un coup d’Etat. Il faut d'abord éloigner les assemblées, le Conseil des Anciens et le Conseil des Cinq-Cents, afin de s'assurer que la population parisienne ne pourra pas intervenir et faire échouer la manœuvre.
Le 18 Brumaire, le Conseil des Anciens siège aux Tuileries. Convaincu par Sieyès, il décrète le transfert des assemblées à Saint-Cloud.
Napoléon s'adresse alors aux citoyens et aux militaires, qu'il enjoint de se rallier à lui. Son discours est retranscrit dans La Gazette nationale :
« Citoyens,
Le conseil des anciens, dépositaire de la sagesse nationale, vient de rendre le décret ci-joint. Il y est autorisé par les articles 102 et 103 de l'acte constitutionnel. Il me charge de prendre les mesures pour la sûreté de la représentation nationale. Sa translation est nécessaire et momentanée. Le corps législatif se trouvera a même de tirer la représentation du danger imminent, où la désorganisation de toutes les parties de l'administration nous conduit. Il a besoin dans cette circonstance essentielle, de l'union et de la confiance des patriotes. Ralliez-vous autour de lui ; c'est le seul moyen d'asseoir la République sur les bases de la liberté civile, du bonheur intérieur, de la victoire et de la paix.
Soldats,
Le décret extraordinaire du conseil des anciens est conforme aux articles 102 et 103 de l'acte constitutionnel. Il m'a remis le commandement de la ville et de l’armée. Je l'ai accepté pour seconder les mesures qu'il va prendre, et qui sont toutes entières en faveur du peuple. La République est mal gouvernée depuis deux ans. Vous avez espéré que mon retour mettrait un terme à tant de maux ; vous l'avez célébré avec une union qui m'impose des obligations que je remplis : vous remplirez les vôtres, et vous seconderez votre général avec l'énergie, la fermeté et la confiance que j'ai toujours vues en vous. La liberté, la victoire et la paix replaceront la République française au rang qu'elle occupait en Europe, et que l'ineptie ou la trahison a pu seule lui faire perdre. Vive la République ! »
Le lendemain, 19 brumaire, c'est au château de Saint-Cloud, où se sont déplacées les Assemblées, que l'histoire se joue. Bonaparte, escorté de quelques grenadiers, affronte impassible les députés hurlant « À bas le dictateur ! ». Le Publiciste rapporte :
« Nous n’avions pas encore eu de révolution plus calme. Les nouvelles destinées de la République s’agitoient hier à Saint-Cloud & tous les orages sembloient concentrés dans la cour & dans deux salles de ce château. Tout le reste, à Saint-Cloud comme à Paris, est tranquille dans l’attente des grands événemens que préparent le génie de Bonaparte & de Siéyes. »
Napoléon a réussi son pari : après une journée d'agitation, il est nommé Premier Consul et, dès le lendemain du coup d'État, les nominations clés sont faites.
Quant aux officiers, ils assurent le nouveau régime de leur soutien sans faille :
« Ô mémorable journée, ô 18 brumaire ! que loin d’être comparé aux autres, tu vas causer de biens !... République française, c’est d’aujourd’hui seulement que tes plaies vont commencer à se cicatriser [...]
C’est à toi, Bonaparte... C’est à vous, consuls, qu’est réservé ce grand œuvre... C’est à vous que toutes les troupes suivront avec plaisir, convaincues que toutes vos vues et vos désirs tendent au bonheur public. Le régiment assez heureux pour s’être trouvé aux premiers rangs le 19, vous prie de compter toujours sur son dévouement, et de le croire tout entier à la République. Tel est son vœu. Vive la République ! »