1793 : Le procès et l'exécution de Marie-Antoinette
Le 5 octobre 1793, la Convention nationale vote le décret ordonnant que « le tribunal révolutionnaire s'occupera sans délai et sans interruption du jugement de la veuve Capet ».
Le 15 octobre, Marie-Antoinette se présente face au Président du tribunal, Herman, et à l'accusateur public Fouquier-Tinville.
Les annales patriotiques et littéraires rendent compte de l'ouverture de ce simulacre de procès :
« L’accusée paroît.
Le président. Votre nom ?
L’accusée. Marie-Antoinette de Lorraine d'Autriche.
Le président. Votre âge ?
L’accusée. Trente-huit ans.
Le président. Où êtes-vous née ?
L’accusée. À Vienne.
Le président. Votre état ?
L’accusée. Veuve du roi de France.
Le président. On va vous lire l’acte d’accusation.
Le secrétaire-greffier en fait lecture.
Le président à l’accusée. Voilà dont on vous accuse : prêtez une oreille attentive ; vous allez entendre les charges qui vont être portées contre vous. »
La lecture des interrogatoires de l'accusée et des témoins, dont rend compte la presse révolutionnaire à la manière d'un feuilleton (« la suite à demain »), permet de mesurer la faiblesse de l'accusation et des charges retenues contre la reine déchue. Le Président Herman articule son instruction autour de quelques thèmes majeurs : les relations de la reine avec l'Autriche, son train de vie, son influence supposée néfaste sur Louis XVI et son rôle dans plusieurs épisodes controversés de la Révolution.
Ainsi, sur la fusillade du Champ-de-Mars du 17 juillet 1791, les échanges entre le Président et l'accusée sont rapportés dans Le Mercure universel :
« Quelles furent les délibérations prises pour faire entourer les représentans [sic] du peuple de bayonnettes, et pour en faire assassiner la moitié, s’il avoit été possible ? — Je n’ai jamais entendu parler de pareille chose. — Vous n’ignorez pas sans doute qu’il y avoit des troupes rassemblées au Champ de Mars ; vous deviez savoir la cause de leur rassemblement ? — Oui, j’ai su dans le temps qu’il y en avoit ; mais j’ignore absolument quel en étoit le motif. — Mais ayant la confiance de votre mari, vous ne deviez pas ignorer quelle en étoit la cause ? — C'étoit pour rétablir la tranquillité publique. »
Sur sa fuite à Varennes, dans Le Républicain françois :
« — Le président. Persistez-vous à dire que vous n’avez pas eu d’entretiens au Temple, avec les deux derniers témoins ?
— L'accusée. Oui.
— Le président. Soutenez-vous également que Bailly et Lafayette n’étoient pas les co-opérateurs de votre fuite, dans la nuit du 20 au 21 juin 1791 ?
— L’accusée. Oui.
— Le président. Je vous observe que sur ces faits vous vous trouvez en contradiction avec la déclaration de votre fils ?
— L’accusée. Il est bien aisé de faire dire ce que l'on veut à un enfant de huit ans. »
Marie-Antoinette essuie aussi toutes sortes de remarques sur sa manière d'éduquer ses enfants, comme lors de cet échange rapporté dans Les Annales patriotiques et littéraires :
« — Pourquoi, vous qui aviez promis d’élever vos enfants dans les principes de la révolution, ne leur avez-vous inculqué que des erreurs, en traitant par exemple votre fils avec des égards qui sembloient faire croire que vous pensiez encore le voir un jour successeur du ci-devant roi son père ?
— L’accusée. Il était trop jeune pour lui parler de cela. Je le faisois mettre au bout de la table, et lui donnois moi-même ce dont il avoit besoin. »
Au terme de deux jours de procès, Le Mercure universel annonce :
« Le tribunal révolutionnaire a condamné à la peine de mort Marie-Antoinette (d’Autriche). »
La reine est exécutée le 16 octobre 1793, place de la Concorde, devant une foule nombreuse.