« De là, nous assistâmes à de véritables manœuvres de guerre, qui devaient, fatalement, aboutir à la tuerie de l'après-midi.
Imaginez le quartier-général d'une armée, celle du gouvernement, celle de “la société”, celle de “l’ordre”, établi à Villeneuve-Saint-Georges, point stratégique, où passent la Seine et d'importantes voies ferrées, où convergent les grandes routes. Le thème est de défendre, en quelque sorte, ces citadelles de l'installation patronale, situées dans la vallée, au sud, à Vigneux et à Draveil, contre l'envahissement de forces ennemies qui peuvent venir de Paris, au nord, et se joindre à d'autres forces disséminées dans la région, plus bas, et à droite et à gauche. […]
Ce qui se passa par la suite est logique. Convergeant vers Draveil-Vigneux, et vers Villeneuve-Saint-Georges, les bandes de grévistes, après des échauffourées successives, dont quelques-unes déjà furent sérieuses, comme celle qui se produisit devant le hangar des réunions des sabliers, se massèrent petit à petit dans la direction de Villeneuve. […]
Il y eut des charges, il y eut des barricades, il y eut des assauts.
Les revolvers et les carabines partirent d'eux-mêmes. Et ce fut la fusillade, ce fut la bataille. »