L’hommage national à Raymond Poincaré en 1934
Le 15 octobre 1934, décède rue Marbeau dans le 16e arrondissement à Paris, une figure majeure de la IIIe République. La presse nationale et internationale relate l’événement. Un deuil national est décrété. La France rend un dernier hommage à Raymond Poincaré.
Une incroyable carrière politique
Raymond Poincaré est né à Bar-le-Duc, dans la Meuse, le 20 août 1860. Cet avocat est nommé ministre de l’Instruction publique en 1893. Il occupe par la suite plusieurs portefeuilles ministériels. Il est élu à l’Académie française le 18 mars 1909. Il préside le Conseil des ministres de janvier 1912 à janvier 1913, date à laquelle il est élu président de la République française de février 1913 à février 1920.
Le « président de la Grande Guerre » est ensuite élu sénateur de la Meuse (1920, 1924 et 1933) et nommé ministre plusieurs fois. Il est désigné à trois reprises président du Conseil des ministres (1922-1924 et 1926-1929).
La presse célèbre l’homme d’État
Pour Le Matin du 16 octobre 1934 : « Un autre grand serviteur de la nation n’est plus […]. Il était la France, avec ses défauts et ses qualités, surtout avec sa passion du droit, son amour du travail, son intransigeance d’honnêteté »
Le Bulletin Quotidien de Presse Étrangère du 17 octobre relate les réactions de la presse internationale : « Le New York Times dit qu’en sauvant le franc, M. Poincaré sauva la France et ranima la confiance chez le peuple. Son intégrité, la solidité de son jugement lui ont permis d’accomplir “un exploit presque sans exemple dans l’histoire moderne de la France”. (Havas) ».
L’Humanité (16 octobre 1934) ne partage pas ses manifestations de sympathie et titre Poincaré-la-Guerre est mort : « Poincaré meurt, à 74 ans, vingt ans après ce terrible mois d’octobre qui vit l’enlisement de deux armées de jeunes hommes dans la mort lente et les boues du front, de la mer aux Vosges. Il est juste que la haute bourgeoisie au pouvoir lui réserve des funérailles nationales […]. “Incorruptible” et républicain, il était non de la trempe, mais de la dégénérescence de Robespierre. Le Thiers d’une époque de révolution de couloirs »
Le 20 octobre, ce quotidien publie : À Poincaré, qui fit Hitler. Le IIIe Reich reconnaissant…
Un dernier hommage à Paris
Les anonymes se succèdent devant le cercueil. Le gouvernement décrète que les funérailles nationales seront célébrées le samedi 20 octobre à Notre-Dame et au Panthéon. Le Petit Parisien détaille l’itinéraire du convoi.
Des photographes de l’agence de presse Meurisse couvrent l’évènement. Une foule immense vient se recueillir devant le cercueil exposé au Panthéon. De nombreuses personnalités politiques assistent à cette célébration et suivent le cortège funèbre qui avance lentement dans les rues de la capitale. Sous les becs de gaz voilés la population rend un ultime hommage à Raymond Poincaré.
Bibliographie
Daniel Amson, Poincaré : l’acharné de la politique, Paris, Tallandier, 1997.
John F. V. Keiger, Raymond Poincaré, Cambridge University Press, 1997.
Paul Marcus, Raymond Poincaré - L’architecte d'une carrière d’État, Paris, Séguier, 2006.
François Roth, Raymond Poincaré - Un homme d'État républicain, Paris, Fayard, 2000.