Le tour du monde de Bougainville
Entrepris entre 1766 et 1769 à bord de la "Boudeuse" et de "L’Étoile", c'est le premier voyage autour du monde réalisé par des Français.
En 1766, le comte Louis-Antoine de Bougainville se lance dans un voyage qui va durer trois ans et qui fera entrer son nom dans l'histoire : un tour du monde en bateau, le premier réalisé par un équipage français. Ordonné par Louis XV, le périple a pour but de découvrir de nouveaux territoires à coloniser, d'ouvrir une nouvelle route pour la Chine et de fonder de nouveaux comptoirs français aux Indes orientales.
Accompagné du naturaliste Philibert Commerson, de l'ingénieur cartographe Charles Routier de Romainville, de l'astronome Pierre-Antoine Véron et de l'aventurier le prince Charles de Nassau, Bougainville part de Mindin, près de Nantes, le 15 novembre 1766, à bord de la frégate la Boudeuse. Le départ est annoncé dans La Gazette du commerce du 2 décembre :
« La Frégate du Roi la Boudeuse, commandée par M. de Bougainville, a mis à la voile le 15 de Nov. 1766, de Maindin. Ce bâtiment qu’on dit être destiné pour les îles Malouines, est très bien armé, se trouve approvisionné de toutes les choses nécessaires pour un voyage de long cours, et enfin est monté par d’excellents officiers et d'habiles navigateurs. »
Bougainville, sur ordre de Louis XVI, remet d'abord les Malouines aux Espagnols, puis franchit le détroit de Magellan et explore l'archipel des Tuamotu. Un second navire, L’Étoile, rejoint la Boudeuse à Rio de Janeiro le 13 juin 1767. En 1768, il découvre les atolls de Vahitahi et Akiaki, accoste dix jours à Tahiti, découverte l'année précédente par Samuel Wallis, navigue dans l'archipel des Samoa, de Vanuatu, puis longe les îles Salomon.
Il rentre à Saint-Malo le 16 mars 1769. La Gazette du 27 mars écrit :
« Le sieur de Bougainville est revenu dernièrement au Port de Saint-Malo sur l'une des deux Frégates dont il avait le commandement. Il s'est rendu ici et a rapporté qu'il avait découvert dans la Mer du Sud une île jusqu'à présent inconnue, très vaste et très agréable par la beauté du climat, la fertilité de la terre et la douceur singulière des mœurs des habitants. Le sieur de Bougainville a emmené avec lui un de ces habitants qui a, dit-on, beaucoup d'intelligence et paraît avoir quelques connaissances d'Astronomie. »
En effet, Bougainville a ramené de Tahiti un jeune homme volontaire, Aotourou. Le Polynésien sera présenté au roi, avant de se faire offrir au bout d'un an, comme promis par l'officier de marine, le voyage de retour. Mais comme La Gazette l'apprend à ses lecteurs le 2 mai 1772, il mourra de la petite vérole sur le vaisseau qui le transportait.
Le récit de voyage de Bougainville va faire sensation. Le 30 octobre 1769, La Gazette indique que Bougainville « a eu l'honneur de présenter au Roi le Journal manuscrit du Voyage qu'il a fait autour du monde, par ordre de Sa Majesté, sur les Vaisseaux la Boudeuse et l’Étoile, dont il avait le commandement ». Le Voyage autour du monde, publié en 1772, aura un impact considérable sur les philosophes des Lumières et sera abondamment commenté dans les années suivantes, notamment par Rousseau, et par Diderot qui écrira un Supplément au voyage de Bougainville paru de façon posthume en 1796.
En 1813 encore, Le Moniteur universel dressait un long portrait du navigateur et faisait l'éloge de son ouvrage :
« Le style en est simple et naturel ; il y montre son caractère, son intrépidité, son mépris pour les dangers, qu’il a plutôt l’air de chercher ; son penchant à saisir en toute chose le côté plaisant ; sa bonté, sa gaîté qui maintinrent toujours la confiance, sa subordination et la joie dans son équipage dont il soignait les plaisirs comme la santé. »
Bougainville jouera encore un rôle important comme capitaine dans la guerre d'indépendance des États-Unis. Resté fidèle à Louis XVI pendant la Révolution, il réchappera à la Terreur et sera couvert d'honneurs par Napoléon, avant de s'éteindre en 1811. Son corps repose depuis au Panthéon.