Elle prend des photos et tient un journal qui rend compte des découvertes archéologiques et de la civilisation persane contemporaine. Sa détermination et sa ténacité dans cette mission sont reconnus officiellement à son retour en France.
« Nous ne mentionnons pas, d'ordinaire, les décorations d'officiers d'Académie ; si nous faisons exception pour la suivante, c'est qu'il s'agit d'une femme.
Par décision en date du 4 août, et sur la demande du directeur des musées du Louvre, le ministre de l'instruction publique et des beaux-arts vient de nommer Mme Jeanne Dieulafoy, née Magre, officier d'Académie pour services rendus aux beaux-arts.
On sait que Mme Dieulafoy, qui a suivi son mari en mission scientifique en Perse a un beau talent de sculpteur et qu'elle a secondé son mari, pour la reproduction des antiquités persanes, avec une rare intelligence et un courage que l'on est heureux de voir récompensés. »
Dès 1883, le couple repart en Perse, à Suze, pour explorer le tombeau du roi Darius. Là encore, Jane Dieulafoy s'attache à sortir des sentiers battus pour aller au plus près des populations. Ses récits enflamment la critique lorsque paraît son livre La Perse, la Chaldée et la Susiane en 1886.
« Pour aujourd'hui, les amateurs de beaux livres voudront refaire avec les voyageurs, les promenades lointaines par les routes où chevauchent les cavaliers kurdes, où marchent les derviches.
On voudra entrer dans les mosquées, dans les caravansérails, dans les cafés, dans les forteresses, dans les couvents, dans les Jardins de Marande et de Tauris. On s'arrêtera devant les tombeaux de Sultanieh, on circulera dans le marché de Kazbin, on séjournera à Téhéran, à Saveh, à Ispahan, à Chiraz, à Firouz Abad, à Bassorah, à Bagdad, à Chouster, on suivra le cours du Tigre et de l'Euphrate.
On maniera les poteries, on respirera les roses, on rêvera sur la plaine inculte et pierreuse où fut Babylone, où un pâtre immobile garde son troupeau de maigres chèvres. »