L'Exposition de l'an 2000
En 1892, l'hebdomadaire humoristique "Le Journal Amusant" consacre une page entière à l'an 2000. Le dessinateur Henriot y laisse libre cours à sa fantaisie.
Le 30 juillet 1892, le caricaturiste et illustrateur Henriot (1857-1933) dessine pour Le Journal amusant une pleine page consacrée au futur de la France. Sciences, techniques, mode, transport : la page, datée du 6 mai 2000 et attribuée au Figaro, imagine à quoi ressemblerait l'Exposition universelle de l'an 2000. Et se livre à un tour d'horizon humoristique des progrès réalisés en un siècle...
La question du transport, affirme Henriot, sera définitivement réglée : grâce à "l'électricité musculaire", les hommes se déplaceront en l'air et n'auront plus besoin de prendre le train.
Pour les longues distances, les dirigeables seront la norme.
Les problèmes de jalousie dans le couple seront eux aussi révolus, grâce à la "vision à distance", si efficace pour espionner sa femme.
La guerre, quant à elle, aura totalement disparu. Non parce que les hommes seront devenus plus sages, mais parce que les nouvelles armes seront trop puissantes pour se risquer à combattre !
Le féminisme n'est pas en reste. Car depuis que les femmes ont « acquis les droits des hommes », elles « ne portent plus que des pantalons ». La robe fait désormais figure de pièce de musée...
… au même titre que les becs de gaz, devenus inutiles, et les bicyclettes, ces vieux engins « qui firent fureur vers 1892, au dire des chroniques ».
Henriot s'intéresse encore au Panthéon – qui sera modernisé puisque les personnalités du XIXe siècle y seront empaillées, leurs mouvements et leurs paroles activés mécaniquement – ou aux progrès de l'astronomie, qui nous permettront d'observer les Martiens... en train de pêcher.
Collaborateur de L'Illustration et futur directeur du Charivari, Henriot, de son vrai nom Henri Maigrot, s'illustrera également en 1915 en créant l'hebdomadaire satirique La Baïonnette, qui sera distribué aux Poilus.