Écho de presse

Le Trésor introuvable de l’Île aux Chênes

le 13/03/2021 par Michèle Pedinielli
le 24/08/2018 par Michèle Pedinielli - modifié le 13/03/2021
L'ingénieur Henry Bowdoin et le futur président des États-Unis Franklin D. Roosevelt à la recherche du trésor enfoui de l'île aux Chênes, 1909 - source : WikiCommons
L'ingénieur Henry Bowdoin et le futur président des États-Unis Franklin D. Roosevelt à la recherche du trésor enfoui de l'île aux Chênes, 1909 - source : WikiCommons

Depuis la fin du XVIIIe siècle, on prétend qu’un trésor est enfoui sur une petite île au large du Canada : le butin du capitaine Kidd ou les bijoux de la Couronne de France… Les expéditions s’y sont succédées, sans jamais percer le mystère.

En avril 1939, quelques journaux rapportent une étonnante nouvelle : une expédition est sur le point de partir afin de retrouver les bijoux de la Couronne de France, disparus après la Révolution. Une expédition est nécessaire car le lieu des recherches se trouve sur une petite île au large de la Nouvelle-Ecosse, au Canada, confetti de 1 600 m de long sur 800 m de large posé dans l’océan Atlantique. Il s’agit d’Oak Island, l’île aux Chênes.

Ce n’est pas la première fois que des chasseurs de trésor se rendent sur cette île qui excite les convoitises depuis le début du XIXe siècle.

« L’île du Chêne, en Nouvelle-Ecosse, a son histoire et sa légende. Et quelle légende !...

N'a-t-il pas germé, à tort ou à raison, dans l'imagination de nos ancêtres, que les bijoux de la couronne de France y avaient été enfouis après la Révolution !

Il n'en fallût pas plus, à l’époque, pour déchaîner l'élan des “chasseurs de trésor”. Depuis 1800, on ne compte plus les expéditions.

Aucune, pourtant, ne parvint à percer le mystère de l'Ile du Chêne. »

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Tout commence en 1795 lorsque trois adolescents canadiens découvrent sur l’île une poulie de bateau rouillée accrochée à la branche d’un chêne. Juste sous cette poulie, la terre forme une cuvette qui semble avoir été remblayée. Il n’en faut pas plus pour jeter les jeunes garçons sur la piste d’un trésor.

En commençant à creuser, ils réalisent que les parois sont solides et qu’il s’agit bien d’un puits. Après plusieurs heures d’effort, ils découvrent une plate-forme faite de poutres de chênes qui semble étayer ce puits. Elle se situe à 3 mètres de profondeur. Ils en découvrent une deuxième puis une troisième à 6 mètres et 9 mètres de profondeur. Mais c’est tout. Découragés, ils abandonnent le trou, qu’ils ont baptisé « Money pit ».

En 1804, la société Lynds creuse le puits de manière plus professionnelle et tombe sur de nouvelles plate-formes installées tous les 3 mètres jusqu’à 27 mètres de profondeur. Là, on découvre une pierre plate gravée de symboles indéchiffrables. Les ouvriers vont encore creuser jusqu’à 33 mètres quand la catastrophe arrive : le puits se remplit brusquement d’eau. On découvre alors cinq conduits reliés à la mer, prévus pour inonder le puits à la manière d’un système de protection.

Incapables de continuer les recherches, les chercheurs d’or se retirent.

D’autres expéditions se succèdent jusqu’en 1909. Cette année-là, l’ingénieur Henry Bowdoin décide de percer le mystère, persuadé que l’île abrite le trésor du capitaine Kidd, célèbre pirate du XVIIe siècle.

« Un certain capitaine Kidof [sic] enfouit jadis, paraît-il, dans la région d'Oak-Island, dans la Nouvelle-Ecosse, un trésor évalué à une cinquantaine de millions.

Depuis un siècle de nombreux chercheurs sont allés dans le pays se livrer à des fouilles aussi intéressantes qu'intéressées, mais le succès ne consentit point à couronner ces multiples et patients efforts. Le trésor reste toujours enfoui dans les profondeurs du sol. On commençait même à l'y oublier un peu, las et découragé qu'on était par l'inanité des recherches.

Mais voilà qu'un perspicace Américain qui a nom Bowdoin prétend qu'on a mal cherché et qu'en opérant avec plus de méthode, il doit trouver.

Comptant mettre la main sur le précieux magot, il est parti, tout récemment, muni d'un outillage électrique des plus perfectionnés et se livre, de-ci, de-là dans l'Oak-Island à de formidables travaux souterrains précédés systématiquement de très scientifiques mais infructueux sondages. »

Si Bowdoin est persuadé de l’existence d’un trésor, c’est que les inscriptions de la pierre plate trouvées sur la neuvième plate-forme à 27 mètres ont été déchiffrées en 1886. Et le message est clair : « 40 pieds plus bas, 2 millions de livres enterrées ». Il faut donc creuser jusqu’à 40 mètres de profondeur.

Henry Bowdoin n’est pas seul dans cette aventure. Il est accompagné de son jeune assistant, un certain Franklin Delano Roosevelt, le futur 32e président des États-Unis.

« Sait-on que M. Franklin Roosevelt, aujourd'hui président des États-Unis, participa activement en 1909 à l'une de ces tentatives ?

Il n'était alors qu'un jeune avocat qui venait d'être inscrit au barreau. Avec quelques amis il réunit un petit capital de 5 000 dollars et passa contrat avec un certain capitaine Bawdoin qui prit la tête de l'expédition. Celle-ci quitta le port de New-York le 18 août 1909.

M. Roosevelt ne put les accompagner au départ, ayant une importante cause à plaider, mais il fit plusieurs voyages à l'île du Chêne pour surveiller les travaux. »

L’expédition Bowdoin ne donne rien non plus et le jeune avocat se tourne vers la politique l’année suivante. En 1936, on découvre une nouvelle pierre gravée, dont le message reste encore aujourd’hui incompréhensible. Les chercheurs d’or se relaient sur la petite île, sans rien trouver.

« À chaque instant, on lit dans les journaux anglais et américains qu'une expédition se prépare pour aller découvrir des trésors qui gisent, oubliés dans quelque île perdue au milieu des océans. Et puis, on n'entend plus parler de rien : c'est que l'expédition est demeurée à l'état de projet, faute de commanditaires...

Et si, par hasard, elle s'était réalisée, c'est encore le silence... le silence qui suit les échecs et les déceptions.

Ces jours derniers encore on annonçait le départ d'une expédition américaine pour l'île du Chêne (Nouvelle-Ecosse), où, suivant une légende répandue outre-Atlantique, les bijoux de la couronne de France auraient été cachés après la Révolution. »

De bijoux de la Couronne, point. Tout comme on ne trouvera ni le trésor du capitaine Kidd, ni celui des Templiers (hypothèse encore en vogue), encore moins l’argent que Louis XV envoyait en Nouvelle-Ecosse pour financer sa guerre contre les Anglais et dont une partie aurait été dérobée.

Aujourd’hui, l’île a été presqu’entièrement été retournée par toutes les fouilles sauvages exécutées par des aventuriers peu scrupuleux. Outre deux pierres gravées, on a trouvé en tout et pour tout trois maillons en or de montre à gousset, des fibres de coco et quelques morceaux de porcelaine.

Ce qui n’empêche pas les nouveaux amateurs de mystère de continuer à creuser l’île aux Chênes, rêveurs romantiques à la recherche d’hypothétiques trésors.