Généalogie

Esquissez votre arbre généalogique grâce à RetroNews !

le 10/11/2022 par Tony Neulat
le 18/07/2022 par Tony Neulat - modifié le 10/11/2022

Pour un généalogiste, examiner la presse ancienne, c’est s’engager dans un jeu de piste avec ses aïeux. Certains sont restés discrets, d’autres ont laissé de nombreuses traces de leur passage. Dans tous les cas, il faut mener l’enquête ! Une enquête passionnante qui réserve souvent de belles surprises.

Pour illustrer notre propos, prenons un exemple : celui de Paul Rouvière (1906-1939). Le point de départ de notre investigation : le site Mémoire des hommes qui le dit décédé le 12 septembre 1939 à Metz.

Fiche de Paul Rouvière sur le site Mémoire des hommes.

La presse ancienne peut-elle nous éclairer sur les circonstances de son décès, sur sa vie, sur sa famille ? Pour le déterminer, une seule solution : se frotter aux journaux de l’époque sur RetroNews.

Une simple saisie « Paul Rouvière » dans le moteur de recherche livre plus de 46 200 résultats de 1762 à 1951 ! La recherche avancée (réservée aux abonnés) s’impose. Recherchons, par exemple, les mots « Paul Rouvière » dans « le paragraphe » (afin d’indiquer que ces deux termes doivent être situés au sein du même paragraphe). Nos critères restent trop vagues et aboutissent à 6 100 résultats. Et pour cause : tous les articles comprenant le prénom Paul et le nom Rouvière, même dissociés, sont proposés. Nous sommes confrontés à l’écueil fréquent des prénoms et noms répandus. Pour le contourner, nous pouvons spécifier que ces deux termes « Paul » et « Rouvière » doivent être accolés. Deux possibilités s’offrent alors à nous : saisir « Paul Rouvière » dans le champ « Cette expression » de la recherche avancée ou bien utiliser le moteur de recherche simple en renseignant « Paul Rouvière » entre guillemets. Le nombre de résultats s’effondre mais reste élevé : 283. Affinons donc la recherche en filtrant sur l’année du décès : « Date de publication du 01/01/1939 au 31/12/1939 ». Seuls 5 résultats s’affichent, tous pertinents et annonçant la mort de Paul Rouvière. 4 d’entre eux se limitent à quelques lignes, néanmoins précieuses, telles que dans L’Action française du 25 septembre 1939 :

« Nous apprenons la mort de M. Paul Rouvière, lieutenant de réserve, père de quatre enfants et frère de notre confrère de la Documentation catholique. »

L’Écho du Centre du 22 septembre 1939 est quant à lui d’une richesse inouïe du point de vue biographique et généalogique :

Véritable nécrologie, cet article retrace tant la vie de ce mort pour la France que son environnement familial. Il révèle en particulier que :

- Paul Rouvière est issu d’une famille profondément chrétienne ;

- une de ses sœurs est religieuse ;

- un de ses frères est Oratorien et vicaire à Saint-Eustache ;

- son frère Jean est avocat au Conseil d’État ;

- Paul Rouvière a étudié au lycée Stanislas puis à l’École des Beaux-Arts ;

- il est l’architecte de l’église en béton de Notre-Dame de la Trinité à Blois (Loir-et-Cher) ;

- il est père de quatre enfants et sa femme est enceinte d’un cinquième ;

- il est décédé à l’hôpital de Metz des suites de ses blessures ;

- il est inhumé à Chouzy-sur-Cisse (Loir-et-Cher).

Cet article fournit de multiples pistes de recherches nouvelles. Mais, avant d’aller plus loin, gardons deux points de vigilance en mémoire :

- d’une part, les prénoms ne sont que rarement mentionnés dans la presse ;

- d’autre part, il faut toujours veiller à élargir la recherche lorsque le nombre de résultats obtenus est très faible.

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Relançons donc la recherche, toujours restreinte à l’année 1939, mais en retirant le prénom : 615 résultats sont suggérés. Affinons en saisissant « lieutenant Rouvière » au niveau du champ « Tous ces mots » à « chercher dans le paragraphe ». Cela nous permet de découvrir deux résultats additionnels qui n’apportent malheureusement aucune information supplémentaire.

Élargissons à présent la recherche à la période 1939-1945. Pour quelle raison ? Premièrement, parce que la femme de Paul Rouvière est déclarée enceinte en 1939 et que l’avis de naissance de son cinquième enfant est donc susceptible d’apparaître dans la presse. Deuxièmement, car Paul Rouvière a peut-être bénéficié d’une reconnaissance officielle posthume ou sa femme d’une pension.

Bien nous en a pris ! Le Figaro du 21 janvier 1940 annonce effectivement la naissance d’une petite fille prénommée Odile :

« Mme Paul Rouvière, née Suzanne Onfray, fait part de la naissance de sa fille Odile, cinquième enfant du lieutenant Paul Rouvière, architecte D. P. L. G. tombé au champ d’honneur le 12 septembre. – Chouzy-sur-Cisse (L.-et-Ch.). »

Ces quelques lignes sont particulièrement intéressantes puisqu’elles révèlent l’identité précise de la veuve de Paul Rouvière. La nouvelle est relayée dans plusieurs journaux tels que Paris-soir, Le Midi socialiste, Le Jour ou La Croix.

En outre, le Journal officiel du 25 mars 1940 se détache des résultats. Il révèle en effet les circonstances précises de la mort de Paul Gabriel Arsène Rouvière, qui se voit décerner, à titre posthume, le grade de chevalier de la Légion d’honneur :

Plusieurs journaux se font l’écho de cette décoration, à l’instar de L’Ouest-Éclair du 28 mars 1940 ou de La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 28 mars 1940.

À l’issue de ces premières recherches, nous disposons non seulement de nombreux renseignements sur la vie, le décès et la famille de Paul Rouvière mais également de multiples pistes pour approfondir l’enquête. Une multitude de combinaisons de mots-clés – reposant sur les noms, professions, lieux de résidence des intéressés – peuvent être envisagées afin de dénicher des articles complémentaires tels que : « architecte Rouvière », « Rouvière Chouzy », « Rouvière Blois », « Rouvière Trinité », « Rouvière Onfray », « Oratorien Rouvière », « vicaire Rouvière », « Rouvière avocat », « religieuse Rouvière », etc.

Débutons par l’association des termes « Rouvière » et « architecte » sur la période 1920-1951. 69 résultats sont proposés. Une vignette du Figaro du 3 mai 1927 attire notre attention :

« Le docteur René Onfray et madame née Coulombe nous prient de faire part des fiançailles de leur fille Marie-Louise avec M. Jean Rouvière, avocat à la cour d’appel de Paris, fils de M. Joseph Rouvière, architecte, et de madame née Courtois. »

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Même s’il ne s’agit pas de notre Paul, les noms (Rouvière, Onfray) et professions (architecte, avocat) sont pour le moins troublants. Il y a fort à parier qu’il s’agisse des fiançailles du frère de Paul… auquel cas deux frères (Paul et Jean) auraient épousé deux sœurs (Suzanne et Marie-Louise) et le père de Paul aurait également été architecte. Hypothèse à confirmer.

Parmi les autres résultats, de nombreux articles évoquent l’œuvre maîtresse de Paul Rouvière, à savoir la basilique de Notre-Dame de la Trinité. L’Écho du Centre du 16 décembre 1938 est particulièrement intéressant puisqu’il compile les éloges formulés par différents journaux à l’égard de ce tout nouveau bâtiment « qui les sort un peu rudement du déjà vu et des anciennes techniques » :

Enfin, un article tiré de La Femme dans la vie sociale du 1er juillet 1938 mentionne un certain « M. Rouvière, Vice-Président du Syndicat des Architectes de la C.F.P., 5 Bd Montmartre, Paris » tandis que La Journée industrielle du 23 décembre 1938 révèle que Paul Rouvière contribue à la revue Le médecin d’usine.

Nulle raison d’interrompre l’enquête en si bon chemin. La recherche sur les mots-clés « Rouvière » et « Onfray » au sein du même paragraphe permet d’étoffer l’arbre généalogique grâce à plusieurs faire-part :

- le « Carnet du Jour » de L’Écho de Paris du 15 mai 1928 ainsi que La Patrie du 16 mai 1928 annoncent la naissance de Marie-Thérèse, fille de Jean Rouvière et Marie-Louise Onfray ;

- le même Écho de Paris du 30 décembre 1930 révèle la naissance de leur troisième enfant : Anne. Jean Rouvière est alors avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation ;

- plusieurs journaux, tels que Le Figaro du 20 mai 1931 et Comœdia du 27 mai 1931 annoncent les fiançailles de Paul Rouvière, confirmant par la même occasion que les frères Paul et Jean ont épousé deux sœurs : « Le docteur et Mme René Onfray sont heureux d’annoncer les fiançailles de leur fille Suzanne avec M. Paul Rouvière ; et celles de leur fille Madeleine avec M. Jean Rémon-Beauvais » ;

- ces deux mariages sont célébrés le 17 mai 1932 en l’église de Semallé (Orne) comme en témoignent Le Figaro du 26 mai 1932 et Comœdia du 28 mai 1932 ;

- enfin, Paris-presse, L’Intransigeant du 22 septembre 1951 fait part du mariage de Marie-Thérèse Rouvière, fille de Jean, avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation avec Guy Martin, H. E. C., célébré le 22 septembre 1951 en l’église Notre-Dame-des-Champs à Paris.

L’absence, dans les résultats précédents, de mention du deuxième enfant de Jean Rouvière nous incite à cibler la recherche sur le nom « Rouvière » de 1929 à 1930 dans L’Écho de Paris. Leur petit Jacques ne tarde pas à être démasqué dans la publication du 26 mai 1929. Une recherche alternative dans ce même journal sur les termes « Rouvière naissances » nous permet de débusquer un quatrième et un cinquième enfant, François et Geneviève, cités dans le numéro du 24 août 1933.

Ainsi, ces quelques recherches en ligne dans RetroNews permettent d’esquisser l’arbre généalogique suivant des familles Rouvière et Onfray.

Arbre généalogique des familles Rouvière et Onfray.

La presse ancienne s’avère ici d’autant plus précieuse que les registres d’état civil, clés d’entrée usuelles pour les recherches généalogiques, ne sont généralement pas disponibles sur Internet pour une période aussi récente, à savoir inférieure à 100 ans. Les journaux anciens, en ligne jusqu’en 1951, permettent donc de contourner cette fâcheuse « barrière des 100 ans » bien connue des généalogistes.

Doit-on considérer cet arbre généalogique comme abouti ? Évidemment non. La presse ancienne n’a pas encore dévoilé tous ses trésors comme nous le verrons dans le prochain article.

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Passionné de généalogie depuis l’âge de douze ans, Tony Neulat est rédacteur dans La Revue française de généalogie et membre de la European Academy of Genealogy. Il partage, depuis 2009, son expérience et ses conseils à travers ses publications et ses formations. Il est également auteur des guides Gallica et RetroNews : deux eldorados généalogiquesRetrouver ses ancêtres à Malte et Trouver des cousins inconnus ou perdus de vue.

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