Avez-vous été bercés l’un et l’autre dans votre jeunesse par l’histoire du sport de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle ?
P. V. : J’ai découvert le rugby grâce à mon instituteur qui, le samedi après-midi – puisqu’il y avait école à cette époque-là –, nous faisait écouter les matchs internationaux retransmis à la radio. Le commentateur s’appelait Loys Van Lee, je m’en souviens encore ! Notre maître jouait lui-même au sein du club de rugby de Pompadour où j’ai grandi et il nous a transmis sa passion, tout en en profitant pour nous faire une leçon d’histoire sur la naissance du jeu, en Angleterre, dans la ville de Rugby, et sur les valeurs qu’il portait : la solidarité, le respect des règles, le soutien entre joueurs essentiel dans les sports collectifs mais encore plus au rugby…
O. V. : L’histoire du sport, j’ai commencé surtout à m’y intéresser en vivant, adolescent, en Italie, où j’ai découvert que la culture sportive était bien plus importante qu’en France. Je n’avais pas idée auparavant que les conversations autour du sport pouvaient être aussi riches et animées ! Quand les Italiens évoquaient leur histoire, ils parlaient aussi de sport. Ils connaissaient très bien l’histoire de la Coupe du monde, celle du sport automobile aussi… J’ai commencé à prendre conscience à ce moment-là à quel point le sport était un fait culturel, qui ne peut pas être coupé de l’économie, de la politique ou même de l’histoire des idées.
Les archives de presse en apportent la preuve presque à chaque page : on voit bien, dans la presse généraliste surtout, que le sport est un sujet de débat. Je pense par exemple à la mise en place de la structure du sport français, dans les années 1960, sous de Gaulle, après les Jeux de Rome [où la délégation française n’a remporté que cinq médailles et aucun titre olympique, ndlr], avec notamment la création de l’ENSEP, et tout le débat autour l’« éducation physique », fondée sur des activités physiques mais pas forcément du sport.