Écho de presse

Les femmes aux JO, "affront majeur"

le 14/05/2021 par Marina Bellot
le 08/08/2016 par Marina Bellot - modifié le 14/05/2021

C'est en 1928 que les femmes furent admises pour la première fois à participer aux épreuves d'athlétisme des JO. Ce qui ne plut pas à tout le monde.

En août 1922, quelques journaux français se font l'écho des revendications des femmes revendiquant leur droit à participer aux JO, comme Le Matin :

Les femmes veulent leurs Jeux olympiques. La Fédération sportive féminine internationale, réunie hier et comprenant des délégués des Etats-Unis, de la France, de l'Angleterre, de la Suisse, de l'ltalie, de la Tchéco-Slovaquie et même de la Grèce, a agité la grave question de l'Olympiade féminine que les Grecs de l'antiquité n'avaient pas cependant inventée, puisque, à cette époque reculée, la femme n'était pas admise au stadium.
Elle a cependant décidé la création des Jeux olympiques féminins et leur organisation de quatre en quatre années.

C'est en 1928 que, pour la première fois dans l’histoire des Jeux olympiques, des épreuves de gymnastique et d’athlétisme sont ouvertes aux sportives féminines. 290 athlètes s’alignent dans les épreuves du 100 m, du 800 m, du relais 4 × 100 m, du saut en longueur et du disque.

Ce n'était pas un combat gagné d'avance : Pierre de Coubertin lui-même, l'ancien Président du Comité international olympique, fut toujours hostile à la participation de femmes aux Olympiades, qu'il voyait comme "un affront majeur à la grandeur et à la pureté originelle de cette compétition".

Malgré les critiques, le CIO autorisa certaines épreuves féminines, mais en raison de l’état physique déplorable de certaines athlètes après l’arrivée du 800 m, seules les courses de moins de 200 m furent ouvertes aux femmes (une décision qui ne sera remise en cause qu’à partir des Jeux olympiques de 1960). 

En 1932, alors que 126 athlètes féminines (contre 1206 hommes) concourent aux Jeux, L'Action Française se lamente :

"Ainsi l'expérience d'Amsterdam n'aura servi à rien. Ilitomi, Gagneux — tragiques souvenirs — sont mortes épuisées. D'autres mourront de la même façon dont on aura gâché la santé pour qu'elles cueillent les vains lauriers de la gloire olympique. Nous avons sollicité l'avis, en cette affaire, de Mme le docteur Yvonne Le Grand. A peine avions-nous posé la question que Mme Le Grand eut un geste découragé : « Vous savez, dit-elle, combien j'ai combattu les compétitions sportives, combien j'ai lutté contre cette conception du sport qui fait de celui-ci un but, alors qu'il ne doit jamais être qu'un moyen, le moyen d'arriver au parfait équilibre physique et moral, car je ne sépare pas l'un de l'autre. Ce qui m'a frappée au cours de ma carrière de dirigeante où j'ai pu étudier de près, comme médecin, l'état physique et la mentalité des jeunes sportives, c'est le déséquilibre psychique et nerveux de nombre de ces jeunes filles. Que de cas de névroses j'ai pu, hélas ! observer. Elles seront en proie à toutes les sollicitations, livrées à elles-mêmes dans un pays étranger, sans aucune direction morale. Or, leur éducation ne les a nullement préparées à une telle épreuve. Quiconque s'est déplacé avec une équipe sportive a pu observer que des jeunes filles très raisonnables chez elles étaient capables, excitées par le voyage, par la compagnie de leurs camarades, de faire de graves bêtises. Peut-être verrons-nous se renouveler des gestes héroïques comme celui de la Japonaise Hitonii. Certes, personne plus que nous n'admire l'héroïsme sous toutes ses formes. Mais là, sur le stade, de tels gestes coûtent trop cher. La rançon en est trop sévère. N'oublions pas que les Jeux olympiques ne sont, après tout, que des jeux. ». Que pourrions-nous ajouter à ces paroles dictées par la raison, unie à la science médicale.

En réalité, aucun incident ne fut à déplorer cette année-là.