Écho de presse

Biarritz l'élégante

le 30/05/2018 par Pierre Ancery
le 17/08/2016 par Pierre Ancery - modifié le 30/05/2018

Le prestige de Biarritz remonte à 1854, lorsqu'elle fut élue lieu de villégiature par l'impératrice Eugénie.

À l'origine, Biarritz était un port de pêche à la baleine. L’avènement des bains de mer, au XIXème siècle, constitua un tournant dans son histoire : Napoléon en personne, paraît-il, s'y baigna en 1808... Le succès de la ville auprès des touristes inspira en 1853 ces lignes inquiètes à Victor Hugo :

 

"Je ne sache pas d’endroit plus charmant et plus magnifique que Biarritz… [...] Je n'ai qu'une peur, c'est qu'il devienne à la mode... Alors Biarritz, ce village si agreste, si rustique sera pris du mauvais appétit de l'argent : sacra fames [...] Alors Biarritz ne sera plus Biarritz. Ce sera quelque chose de décoloré et de bâtard comme Dieppe et Ostende." 

 

Il n'avait pas tort de prévoir la vogue qui allait commence à entourer la ville peu après. L'impératrice Eugénie décide en effet d'en faire son lieu de villégiature après y avoir séjourné en 1854. Napoléon III lui construit un palais, la villa Eugénie (renommée hôte du Palais en 1893 et aujourd'hui classé 5 étoiles). À la suite d'Eugénie, c'est bientôt toute l'aristocratie européenne qui choisit d'y venir. Biarritz s'installe durablement comme une destination balnéaire de premier ordre.

 

Pour preuve, cet article du Temps du 25 décembre 1894, qui évoque la ville en termes élogieux :

 

"D'entrepôt des pêcheries du golfe de Gascogne, Biarritz est devenu une ville splendide, aux hôtels magnifiques, aux villas merveilleuses. [...] Heureusement, l'Empire en tombant n'entraîna pas la vogue de Biarritz. Sa situation, sa température, les distractions qu'on y rencontre, amènent tous les ans, en dehors des Français, une colonie considérable venue de tous les points du globe. On peut évaluer à 50 000 le nombre des baigneurs, et ce chiffre est le plus éloquent des éloges."

 

Mais pour le rédacteur, si Biarritz a tant de succès, c'est grâce à son climat et à ses eaux salines, ô combien bénéfiques pour le corps (les thermes salins de Biarritz, construits par l'architecte Lagarde, datent de 1893)  :

 

"Mais elle est aussi et surtout la station élue des femmes et des enfants! Combien ont été rendus à la vie par l'effet souverain de ses eaux chlorurées sodiques ? Lymphatisme, scrofule, rachitisme, déviations primitives de la colonne, tuberculose osseuse, vertébrale, ganglionnaire, péritonéale, cutanée, synovites, les maladies des femmes dans leurs modalités les plus variées, chloroses et troubles nerveux, les eaux et l'air de Biarritz réduisent tous ces monstres. On va à Biarritz comme le musulman à la Kaâbah, ou le croyant à une piscine miraculeuse. On se plonge, on est guéri. ou presque !"  

 

Plus tard, la station balnéaire, qui vit défiler des personnalités aussi prestigieuses qu'Otto von Bismarck, Coco Chanel ou Winston Churchill, fait encore parler d'elle comme lieu incontournable de la mode féminine. La revue Les modes de la femme de France du 18 septembre 1921 analyse ainsi quatre modèles de robes qui ont fait sensation lors d'une soirée au casino.

 

Le plus bel hommage rendu à la ville est peut-être celui de l'écrivain et cinéaste cubain Eduardo Manet, qui l'appela « Biarritz, celle qui vit au soleil et que l'on découvre à la lumière blanche de la lune ».