Les jouets grinçants de Maurice Radiguet
Le père de Raymond Radiguet était un caricaturiste prolifique. En 1919, à l'approche de Noël, il présentait aux lecteurs quelques jouets particulièrement tendancieux...
La Toussaint est à peine passée que déjà, les décorations de Noël fleurissent et les magasins vous pressent de choisir vos cadeaux… Le 20 décembre 1919, Le Journal Amusant proposait à ses lecteurs, sous forme d’un dessin pleine page, quelques idées de jouets plutôt ironiques.
La planche est signée Maurice Radiguet, prolifique caricaturiste de l’époque et père de Raymond, l’auteur du Diable au corps. Pendant des années, Maurice Radiguet collabora à de nombreuses revues satiriques parisiennes, dont L’Assiette au beurre, où il put laisser libre cours à ses convictions anarchistes.
Ces « nouveaux jouets de l’année », imaginés avec humour, sont une belle preuve de son talent. Parmi eux : un « tigre roulant (jouet incassable) » dont la moustache rappelle fortement Clemenceau, surnommé le « Tigre » à cause de son intransigeance. Ou bien une boîte appelée « Le petit peintre cubiste » et permettant « de composer des tableaux artistiques sans la moindre notion de dessin », référence évidentes aux expérimentations de l’avant-garde de l’époque…
Mais aussi un « jeu de quilles électoral », avec la tête « des principaux députés battus aux dernières élections », ou une boîte à malice nommée « l’épouvantail bolcheviste » et figurant un personnage barbu armé d’un couteau. Et pour finir, un couple de figurines appelées « Les deux ventres du Travail et du Capital », représentant un ouvrier et un patron reliés par un tuyau. Radiguet en explique le fonctionnement : « En appuyant sur le ventre de l’un on gonfle le ventre de l’autre et vice-versa. (Très amusant.) ».