« Français, partez en vacances ! » : Les débuts du tourisme
Après-guerre, le tourisme se développe en France, au point de devenir un élément majeur de l'économie française. Alors que la crise des années 30 frappe le pays, la presse incite les Français à partir en vacances.
Sports nautiques, randonnées en montagne et alpinisme, découverte de villages pittoresques et de stations balnéaires et thermales... La presse des années 1920 et 30 regorge de conseils en tout genre, s’inscrivant dans l’effort national entrepris pour développer le tourisme, élément important de l'économie française.
"Soucieux de collaborer à cette tâche, Le Journal ouvre ses colonnes à tous ceux qui voudront participer à cette œuvre de mise en valeur de la France ; aussi tous les quinze jours nous consacrerons une page complète à l'étude des questions touristiques", annonce par exemple le quotidien littéraire en 1930.
En 1934, Le Matin dresse un bilan du tourisme hexagonal :
"Avant la dernière guerre, les classes populaires françaises ne voyageaient guère, si ce n'est à l'occasion de rares trains de plaisir. Les classes moyennes ne connaissaient que les déplacements de vacances, villégiature au bord de la mer, à la montagne ou dans une maison de famille campagnarde. C'est à toutes les classes sociales que les portes du véritable tourisme, tant en France que hors frontières, ont été ouvertes depuis."
Mais, au début des années 30, la Grande Dépression sévit en Europe et vient mettre un coup d'arrêt au développement du tourisme. La France est touchée sur le tard mais de plein fouet : la dévaluation de la livre anglaise en 1931 ébranle l'économie française. Le chômage explose et le déficit commercial se creuse. Les journaux font front commun pour encourager leurs lecteurs à soutenir ce pan de l'économie nationale.
L'Écho de Paris par exemple, en 1934, fait la promotion du tourisme hexagonal, de ses paysages, ses gîtes et sa bonne chère :
"Jamais on n'insistera assez sur les splendeurs de notre pays, sur la quantité et la facilité des routes, sur la commodité des transports en chemin de fer et sur le confort de nos hôtels qui ont fait les efforts nécessaires pour contenter leur clientèle en améliorant dans toute la mesure du possible leurs établissements et le service, et cela tout en adaptant leurs prix aux circonstances actuelles.
Le tourisme, en effet, doit résumer de multiples joies : il ne remplira pas son rôle si au plaisir de la liberté, de l'atmosphère, de la contemplation du beau site, il n'ajoute pas ceux du bon gîte et de la bonne chère, génératrice d'optimisme. Presque partout en France on peut trouver toutes ces qualités réunies. C'est seulement en insistant, en martelant sans cesse le clou que l'on amènera à se déplacer toujours davantage ceux qui hésitaient à le faire. Une propagande mille fois répétée ne peut que porter des fruits magnifiques. La France a des beautés naturelles, une douceur de climat et une grâce dans ses paysages qu'il faut faire connaître. Enfin, en France, le voyage est chose accessible, aisée, aimable à tous points de vue."
En 1935, la question prend un tour politique. Un sénateur interpelle ses homologues :
"Il m'apparaît que la crise du tourisme dont nous souffrons en France est d'abord due à un défaut d'organisation, à une absence d'action gouvernementale. [...] Nos tarifs de chemins de fer doivent être simplifiés, des réductions globales, massives, doivent être effectuées, réductions que nous pourrons annoncer au loin comme le font les pays étrangers."
Car, conclut le sénateur :
"La France, avec ses 80 plages, ses 70 stations climatiques, ses 117 stations thermales, ses merveilles naturelles, ses richesses artistiques, son climat tempéré, son sol privilégié, ses produits exceptionnels, ne devrait point connaître une crise aussi tragique."