Écho de presse

L’inexplicable disparition d’Amelia Earhart

le 09/11/2019 par Michèle Pedinielli
le 09/03/2018 par Michèle Pedinielli - modifié le 09/11/2019
L'aviatrice Amelia Earhart en costume de vol, circa 1937 - source : WikiCommons

En juillet 1937, l’aviatrice américaine disparaît en vol au-dessus du Pacifique. Toutes les recherches restent vaines. Jusqu’à ce mois de mars 2018 où des restes humains viennent d’être identifiés.

Le 1er juillet 1937, dans sa rubrique « Le courrier des ailes », Paris-Soir  annonce qu’Amelia Earhart et le navigateur Noonan se préparent à finir leur traversée du Pacifique en avion.

À 40 ans, l’Américaine Amelia Earhart est une pionnière de l’aviation, détentrice de nombreux records. Première femme à traverser l’Atlantique en solitaire, puis l’intégralité du territoire des États-Unis (de New York à San Francisco et retour) en 1928, elle est aussi, en 1935, la première personne à effectuer un vol en solitaire entre Honolulu (Hawaï) et Oakland (Californie) sans escale.

Début juillet, lorsque cette aviatrice chevronnée décolle de Nouvelle-Guinée pour boucler un tour du monde par l’est, les journaux sont confiants. Elle a déjà effectué plus de 35 000 kilomètres, et il en reste seulement 11 000 à parcourir avant d'atteindre Oakland.

Mais le 3 juillet, les nouvelles sont mauvaises. En une, les journaux s’inquiètent : « Sans nouvelles d’Amelia E. », « Amelia Earhart serait tombée dans le Pacifique »… Selon L’Écho de Paris, l’avion aurait sombré à 150 km de l’île Howland. Les recherches sont en cours.

« C’est vendredi à 19 h 12 (GMT) qu'Amélia Earhart a donné pour la dernière fois sa position.

Elle se trouvait alors à 100 milles de l'île Howland et signalait qu'elle n'avait plus d'essence que pour une demi-heure environ de vol et que la visibilité était mauvaise. Il est probable que le manque de carburant l'a empêchée d'atteindre Howland.

La chaloupe Itasca a quitté immédiatement l'île à la recherche des aviateurs. Les garde-côtes estiment qu'il était impossible pour l'avion de tenir l'air après 23 h 30 (GMT) et que l'appareil, étant entièrement métallique, ne pourrait flotter longtemps. »

Le 8 juillet, on espère toujours un signe de celle que l’on surnomme la « girl Lindbergh », en référence au pionnier de l’aviation. On annonce que plusieurs messages inquiétants ont été interceptés.

« Situation désespérée certes... mais il y eut des miracles qui redonnent un peu de confiance.

Un sans-filiste californien affirme avoir capté un message de l'avion. […]

M. Charles Miguel, amateur de T.S.F, demeurant à Oakland (Californie), prétend avoir capté un message d’Amelia Earhart cet après-midi.

Ce message disait :

“Sommes sur atoll… savons pas combien de temps pourrons tenir… sommes indemnes mais un peu faibles.” »

Mais il est impossible d’être certain que ce message ait été envoyé par Amélia, de même que s’amenuisent les espoirs de la retrouver vivante avec son copilote Fred Noonan.

Dans le portrait que Paris-Soir lui consacre en pleine page, on découvre une femme qui aimait intensément voler, quitte à être obsédée par sa passion.

« Elle vole parce qu'elle aime voler, elle sert l'aviation humblement, en soldat. Même plus tard, quand elle sera glorieuse et qu'elle publiera un livre, elle ne l'intitulera pas Mes Raids, elle l'appellera simplement Plaisir des Ailes.

Pendant des années, d'ailleurs, elle ignorera si elle est bon pilote. Elle sait faire marcher un avion, s'envoler, aller où il lui plaît, revenir au hangar. Cela lui suffit. […]

Mais le côté sombre et ardent de sa passion, seuls quelques mécaniciens le connaissent. Ils la voient arriver à l'aérodrome à des heures où il n'y a presque personne, passer un “bleu” de mécano, s'enfermer dans les hangars pour caresser les avions, vivre avec eux. »

Mais huit jours après la disparition, le journal ne se fait plus d’illusion sur les chances de survie de la « Girl Lindy ».

« Puis, son mari, ses amis ont entendu brusquement cette phrase, lancée par le radio Noonan, compagnon d'Amelia, et retransmise par tous les postes du Pacifique :

– Je rôde dans la brume depuis des heures. Je n'ai plus qu'une demi-heure d'essence et je ne vois toujours pas la terre.

Puis plus rien. Le silence.

L'illusion se déchire. Il faut tout payer d'un seul coup, la gloire, la chance, l'audace. Amelia Earhart disparaît dans ce silence. »

Malgré toutes les recherches lancées sur zone (les États-Unis dépenseront quelque six millions de dollars par jour pour la retrouver), aucune trace de l’avion, aucun objet, aucun corps n’est repéré. Les recherches s’arrêtent le 13 juillet 1937.

Cette disparition mystérieuse alimente de nombreuses théories, plus ou moins plausibles : l’avion aurait été abattu par la DCA japonaise ; Amelia et Noonan auraient été capturés par l’armée nippone ; ou encore, Amélia aurait survécu à l’accident et serait bien vivante, quelque part sur une île du Pacifique.

En 1940, un soldat anglais trouve treize os humains (dont un crâne) sur l’atoll de Nikumaroro, dans l’océan Pacifique. Il y a également une chaussure d’homme et une chaussure de femme, ainsi que la boîte d’un sextant. L’expert médical conclut que les os sont sans doute les restes d’un homme de petite taille, de type nord-européen. La science de l’époque ne peut rien de plus. Et les os sont ensuite mystérieusement égarés.

Puis, début mars 2018, alors même que l’affaire semble oubliée depuis des décennies, rebondissement salutaire : une nouvelle analyse des os de Nikumaroro prouve qu’il s’agit bien des restes d’Amelia Earhart !

En utilisant un programme informatique, le professeur Richard Jantz (université du Tennessee) vient d’analyser les mesures prises à l‘époque sur les os. En couplant ses recherches avec l’étude des vêtements d’Amelia, le scientifique texan affirme que ces restes correspondent à plus de 99 % à l’aviatrice.

Plus de 80 ans après sa mystérieuse disparition, Amelia Earhart vient bel et bien d’être retrouvée et identifiée.