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Lorsque Jeanne Lanvin, modiste de renom, accouche de sa fille Marguerite, sa vie professionnelle prend un tournant inattendu. Pour habiller sa petite fille, elle crée des vêtements simples et beaux qui font l’admiration de ses clientes – la mode pour enfants est née.
« Au temps de mon enfance, les pauvres fillettes étaient affreusement fagotées : en sacs de bonbons, en marins de catalogue, ou, pire encore, en naines vieillottes. C'était affreux ; ce mauvais goût me révoltait. »
Lorsque Jeanne Lanvin ouvre les portes de sa maison de couture au journal Marianne en 1932, c’est une couturière reconnue. En 1889, à 22 ans, la jeune femme a lancé son atelier de modiste « Lanvin (Melle Jeanne) Mode », et le succès a suivi : elle est devenue rapidement l’une des chapelières préférées des élégantes parisiennes.
Cette réussite va s’amplifier en prenant un tour nouveau avec l’événement qui change le cours de sa vie. En 1897, elle accouche d’une petite fille, Marguerite, qui devient sa muse. Jeanne dessine et coud pour elle de petits habits, robes et manteaux, sur mesure. L’élégance inédite de la fillette qui joue dans l’atelier de sa mère attire les regards des clientes qui, rapidement, demandent à la modiste de réaliser des vêtements similaires pour leurs enfants.
« Dans mes moments de liberté, j'inventais – d'abord pour l'une et puis pour l'autre – des petites robes qui ne ressemblaient en rien à celles que portaient les autres enfants de leur âge.
Ces petites robes firent sensation parce qu'elles étaient à la fois très élégantes et très enfantines, et avant tout absolument nouvelles. J'employais à les composer toute mon imagination et tout mon cœur. Avec cela, on réussit toujours !
Je fus bientôt entourée d'une véritable ronde de mamans qui voulurent des robes semblables pour leurs fillettes. »
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Jeanne Lanvin se lance dans la création de « costumes d’enfants », jolis et adaptés à des petits corps qui jouent.
Le succès est immédiat. La jeune femme s’installe dans un immeuble du Faubourg Saint-Honoré et tout en continuant à faire des chapeaux, propose de plus en plus de robes de petites filles. Pour la ville ou pour les vacances, la demande de vêtements pour enfants explose dans les milieux aisés. La marque de fabrique de Jeanne Lanvin s’exprime déjà : des robes aux lignes nettes, d’une simplicité harmonieuse, souvent rehaussées d’un détail et complétées d’un chapeau.
En 1917, la rédactrice du Gaulois s’enthousiasme devant la créativité de la couturière.
« Voici, par exemple, ici dessinée, une gentille petite robe faite de l'union d'une bure marine et d'une bure rouge, cette dernière étant rehaussée de piqûres marine. C'est un rien, mais il fallait le trouver, tout comme il convenait de découvrir l'amusant petit bonichon à calotte conique qui l’accompagne.
Le second dessin représente un velours de ce joli ton doré des châtaignes mûres, monté sur un empiècement emboîtant les épaules, coupé dans un tissu d'un bleu clair. Comme garniture, un peu de cachemire de laine rebrodé et, comme coiffure, une grande capeline d'un mouvement fort gracieux piquée de roses dans le ton. »
Jeanne Lanvin puise son inspiration partout : dans l’art, dans le folklore, dans les voyages qu’elle entreprend dès que son activité florissante le lui permet. Elle se souvient de ses débuts pour Marianne :
« Vous décrire ces costumes d'enfants, c'est bien difficile ! Dans la mode les idées se fanent comme des fleurs ; il ne faut pas toucher aux bouquets vieillis.
Je revois ces petits modèles très écourtés, très ‘petit page’, petits boléros de couleurs vives, caracos bretons, cretonnes indiennes, broderies anglaises, lainages verts et rouges très ‘Petit Poucet’, grands quadrillés noir et blanc, velours pastels, broderies joyeuses, petites boules faisant grelots, capuchonnets.
Il y avait aussi les petits paletots précieux d'hermine blonde qu'on portait avec des calots garnis de roses rococo. Que c'était joli ! »
En 1909, elle lance la première collection de mode pour enfant, devenant ainsi « la source même de l'élégance enfantine » selon Le Gaulois.
« On sait combien la mode des enfants est subtilement étudiée faubourg Saint-Honoré.
Une partie des salons peut être considérée comme un véritable temple de la grâce juvénile, et Mme Lanvin, qui aime donner elle-même son opinion sur les moindres détails, s'attacha tout spécialement à ces modèles destinés aux toutes petites, modèles qui ont peut-être, été le point de départ de sa renommée mondiale. »
Car en effet, les costumes d’enfants libèrent la créativité de la nouvelle couturière, qui se met à réaliser des vêtements féminins en ouvrant un département « Jeune fille et femme ». Elle adhère cette année-là à la Chambre syndicale de couture parisienne, asseyant ainsi son nom au statut de couturière. Créatrice et femme d’affaires, Jeanne Lanvin se lance à la conquête du monde (en 1915 elle participe à l’exposition universelle de San Francisco) et diversifie ses activités : la décoration et l’art de vivre avec le décorateur Armand-Albert Rateau en 1920, le département parfum d’où nait le célèbre Arpège en 1924, la mode masculine en 1926…
L’empire Lanvin survivra à la mort de sa créatrice en 1946 ; il sera repris par Marguerite jusqu’à sa mort en 1958. Depuis, de nombreux propriétaires se sont succédé en conservant la marque, détenue de nos jours par le conglomérat chinois Fosum International. Lanvin est aujourd’hui la plus ancienne maison de couture française encore en activité.