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La République française
La République française
Les Unes emblématiques de ce titre de presse
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
Exalté par un idéal républicain, Léon Gambetta lance le 7 novembre 1871 son quotidien La République française. Il confie une grande partie de la rédaction des articles à ses anciens collaborateurs de la Défense Nationale parmi lesquels Arthur Ranc, Eugène Spuller, Paul-Armand Challemel-Lacour ou encore Antonin Proust – une lignée de journalistes devenus membre du gouvernement par la suite.
Afin de réunir davantage les forces républicaines, Gambetta souhaite s’adresser en priorité aux journaux de province et ainsi étendre son influence. Les billets politiques sont publiés sous anonymat pour renforcer leur impact mais l’ambition populaire des débuts est largement mise en branle par un coût élevé – 15 centimes – et un style académique parfois austère.
Le succès – relatif – de la publication fut assez rapide malgré l’accroissement des difficultés financières. Le journal tire régulièrement à 15 000 exemplaires jusqu’en 1878 puis faiblit légèrement du fait de l’apaisement de la lutte politique et de la concurrence de son satellite à cinq centimes La Petite République.
Même si ses détracteurs voyaient en lui une autorité radicale, Léon Gambetta resta relativement mesuré lors de la crise du 17 mai 1877 prônant la modération et la patience. Son autorité s’en trouva accrue et il parvint à faire de son quotidien le porte-drapeau d’une forme de résistance républicaine
Mais la mort de Gambetta – figure omnipotente du journal – entraîne une baisse manifeste des copies. Ainsi le tirage qui était parvenu à se stabiliser aux alentours des 10 000 exemplaires entre 1880 et 1882 tombe à 4 000 feuilles en 1884.
Le quotidien persiste mais les différends s’amoncèlent entre les actionnaires, l’équipe rédactionnelle et les rivalités personnelles entre Spuller, Challemel-Lacour et Ranc. En outre, l’impossibilité à trouver une nouvelle ligne politique cohérente depuis le décès de Gambetta accroit le déclin d’une publication dont la direction devenait de plus en plus aléatoire.
Lorsque Joseph Reinach reprend le journal en 1896, il le met au service de Jules Ferry et développe inévitablement une ligne hostile à Boulanger. Les directeurs de la publication se succèdent sans réelle concordance et des transformations sont opérées: le prix du journal passe à 10 centimes et paraît désormais le soir pour profiter au mieux de la dépêche de 15 heures. Le quotidien perd nombre de ses lecteurs et adopte une ligne politique toujours plus inconsistante, s’infléchit à droit et perd certains collaborateurs dont Spuller.
Le directeur Jules Méline nomme une nouvelle équipe autour de Jules roche qui parvient à maintenir le tirage jusqu’en 1914 sans toutefois rencontrer une audience satisfaisante. En 1904, le journal tirait à 3 500 copies contre 4 000 en 1912 avant de fléchir à 1 700 exemplaires en 1917. La publication de La République française se raréfie et sombre irrémédiablement en 1931.