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Guerre froide glamour : les premiers Festivals de Cannes

le par - modifié le 21/05/2024
le par - modifié le 21/05/2024

Vitrine du cinéma international, théâtre d’enjeux politiques, haut-lieu du paraître, le Festival de Cannes s’impose au fil des années 1940 comme un événement mondial incontournable. Dès 1946, le festival inaugure une tradition artistique mais aussi et surtout, politique.

1939 : le Festival n’aura pas lieu…

En 1938, la Mostra de Venise, alors unique compétition internationale consacrée à l’art cinématographique, est marquée par l’ingérence fasciste et nazie dans le palmarès. Ainsi, « cette orientation totalitaire de la biennale avait quelque peu écœuré les Américains et les anglais qui avaient juré de ne plus s’égarer dans cette affaire » souligne  Messidor en août 1939. Tout aussi scandalisée, la délégation française représentée par Philippe Erlanger, directeur général de l’Association française d’action artistique, introduit l’idée d’un nouveau festival. Qualifié par Messidor comme  « un concours démocratique de cinéma », il s’opposerait  « à la foire vénitienne un peu trop portée sur la glorification des films fascistes ».

Ce projet est présenté à Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-arts, qui l’approuve, voulant faire de cette manifestation un moyen pour développer l’art cinématographique français. Ainsi, en 1939, le Festival International du Film est créé, mettant fin au règne de la Mostra, « en quelque sorte décapitée ».

Afin de se distinguer et s’imposer comme « une manifestation cinématographique inégalable et inégalée », le Festival de Cannes propose « une formule entièrement nouvelle »imaginée par George Huisman, haut fonctionnaire à la tête de la direction des Beaux-arts et président du comité d’organisation, s’articulant notamment autour de la superposition de compétitions nationales et internationales. Selon le règlement :

« Toutes les nations pourront obtenir un ‘Grand Prix’ qui récompensera le meilleur film de chaque sélection nationale.

La course internationale, elle, se déroule entre les metteurs en scène, les interprètes, les opérateurs, les auteurs de scénario et les compositeurs. »

Les principes présentés, il se pose désormais des questions d’organisation, en commençant par le choix de la ville hôte. En concurrence avec Biarritz et Nice (qui obtiendra en 1948 un festival de Jazz), c’est finalement Cannes qui va être désignée par les organisateurs comme siège du festival. Georges Prade, conseiller municipal de Paris va, selon Le Figaro, justifier ce choix par le « climat de Cannes, la certitude du beau temps, le magnifique équipement hôtelier, et le fait que Cannes est une escale transatlantique ». Placé sous le patronage de Louis Lumière et sous la présidence de Jean Zay, le Festival de Cannes doit débuter le premier septembre 1939 et durer trois semaines. La ville se prépare dès lors, multipliant les travaux d’aménagement à l’image « du hall du casino municipal transformé en une luxueuse salle de 1 000 fauteuils, la salle de Théâtre du Casino, adaptée pour des projections cinématographiques à l’usage du jury et de la presse. »

Cependant, en raison des événements internationaux, la première édition du Festival de Cannes est d’abord reportée puis finalement annulée avec l’entrée en guerre de la France le 3 septembre. Le Festival de 1939 n’aura donc pas lieu – et ce, en dépit d’une nouvelle tentative un an plus tard.

Le cinéma en temps de paix

À l’initiative de Philippe Erlanger, le projet du festival est relancé après la guerre et les années d’occupation. Cependant, ce n’est qu’en septembre 1946, que le « second premier Festival de Cannes » ouvre enfin ses portes. Festival de sortie de guerre, il est marqué par la remise du prix international de la paix mais aussi par de menus incidents techniques tels que « des projections très défectueuses » liées « à un manque de préparation » souligné par le journal communiste L'Humanité.  

« C’était la première fête que s’offrait le monde dans une sorte d’ivresse, sous un soleil qui ne cessa de briller jusqu’à la mi-octobre »,

déclare Philippe Erlanger à propos du Festival de 1946.

Plus encore que la compétition, les festivités participent pleinement au succès de l’événement. Cannes multiplie galas flamboyants et banquets somptueux pour rythmer la venue spéciale de ses invités. Cannes est censé incarner la joie de la fin de la guerre dans le faste et l’opulence, à tel point que selon le magazine V « personne n’a le temps de voir les films ».

Le tourisme de luxe est à l’honneur. Comme en témoigne Cinévie, la Croisette est depuis bien avant 1939 le terrain de jeu des chics touristes anglais, lesquels ont disparu depuis la guerre. En compensation, le Festival doit contribuer à relancer l’activité touristique de la Côte d’Azur. Ayant alors lieu en septembre-octobre, il procure aux hôteliers « une arrière-saison encore plus brillante » que la saison estivale. La riche clientèle peut en effet profiter des  mythiques hôtels de luxe tels que Le Carlton, Le Martinez ou encore Le Majestic, si bien que :

« Cannes apparaît maintenant aux habitués comme l’entracte nécessaire, comme la cure indispensable avant l’année qui attend chacun de nous. »

Le festival est aussi une plaque tournante pour les vedettes, et un passage obligé pour se montrer. À ce moment particulier de l’année, la Croisette se noie déjà sous « une foule d’hommes et de femmes si connus qu’il [est] difficile de les distinguer les uns des autres ». Parmi celles-ci Michèle Morgan, qui rafle le Grand Prix international de la meilleure interprétation féminine en 1946 pour son rôle dans La Symphonie pastorale de Jean Delannoy. En 1949, même le quotidien communiste Ce soir reprend la même expression, parlant d’une « pluie d’étoiles » qui se serait abattu sur la ville.

Le Festival de Cannes devient alors le lieu d’un véritable défilé de mode, les célébrités accordant une attention capitale à leur apparence :

« Jany Holt échange sa robe parme et vert pomme contre une robe violette et vert émeraude, parce qu’elle avait froid, ou peut-être parce qu’elle avait apporté trois robes du soir »,

nous glisse ainsi Cinévie en 1947.

Et, si les invités ne se conforment pas au code vestimentaire, le protocole du Festival les y oblige. C’est notamment le cas de trois représentants de l’URSS lors du Festival de 1951, qui, n’ayant pas anticipé le niveau d’élégance attendu, ont été contraints d’acheter des nœuds papillons pour se fondre dans la masse.

Mais les vedettes ne sont pas les seules à venir des quatre coins du globe : les films aussi ! Cannes se voit comme un carrefour à la croisée des cultures. « Chacun de nous apprend ainsi à mieux connaître le travail des pays voisins ou lointains » précise Cinévie. Par la richesse des productions offertes par chaque pays, le Festival de Cannes se veut un voyage à travers le monde, jugé indispensable « au progrès du cinéma ».

Certains films présentés sont d’ailleurs de véritables succès. La première édition en 1939 dressait déjà la barre très haut puisqu’elle aurait dû accueillir l’emblématique Magicien d’Oz de Victor Fleming. Révolutionnaire parce qu’en technicolor, ce pur produit hollywoodien signe le début d’une nouvelle ère technologique, qui peine cependant à triompher lors du premier vrai Festival en 1946.

Parmi les films en compétition, on note un certain nombre de films sur la Résistance. C’est le cas du français La Bataille du Rail de René Clément, qui remporte le Grand Prix international du meilleur film, celui de la mise en scène et le Prix du jury international de 1946, ou encore du film italien Rome ville ouverte de Roberto Rossellini, lui aussi récompensé par un Grand Prix en 1946. Présentés à un moment où le souvenir de la guerre est encore brûlant, ils mettent en scène la figure du résistant et questionnent déjà la représentation de la Seconde Guerre mondiale.

La qualité des films proposés est toutefois jugée négativement par toute une frange de la presse de gauche. À la fin des années quarante, Les Lettres Françaises pointent ainsi du doigt plusieurs programmes jugés médiocres. Cette insuffisance des films présentés ne sonnerait-elle pas le glas du Festival ? Pour le critique communiste influent Georges Sadoul, Cannes résonne comme un « échec ». Il est vrai que l’URSS n’est pas invitée aux festivités…

En effet, alors que Cinévie présentait en 1946 le Festival de Cannes comme un « facteur de paix », il devient, à partir de 1947, un incubateur des tensions politiques liées à la Guerre froide.

Un Festival très français

Il faut rappeler que les films sont alors sélectionnés par les États et non par un petit comité de critiques indépendants – celui-ci n’apparaîtra qu’au début des années 1970. Le Festival de Cannes est donc alors l’instrument de pays qui veulent favoriser leur rayonnement international.

Dans un tel contexte, le rôle de la diplomatie est primordial. Comme le montre la Revue bleue politique et littéraire en 1939, les invitations sont « lancées officiellement aux différentes nations par l’intermédiaire du Quai d’Orsay ». De ce fait, le moindre petit incident peut prendre des proportions considérables. Par exemple, en 1946, les diplomates doivent  intervenir à cause d'une coupure de courant au moment de la projection de La prise de Berlin, un documentaire de propagande soviétique de Youli Raizman. Alors que Combat évoque une machine américaine trop neuve et une pellicule soviétique trop vieille, le communiste Les Lettres françaises parle d’un sabotage. L’incident provoque sans suprise la colère de la délégation de l’URSS qui menace même de quitter Cannes – avant d’accepter les excuses des organisateurs.

Mais le Festival n’en demeure pas moins un festival très français. En 1939, le communiqué sur le projet du premier Festival de Jean Zay est clair :

«  Aucune nation ne pouvait mieux que la France présider à un tel rapprochement dans un esprit d'indépendance artistique et d'impartialité absolue. »

Logiquement, son ministère est chargé d'arrêter la sélection de films français à présenter, avec le ministère français des Affaires étrangères et celui du Commerce et de l'Industrie, qui disposent eux aussi de la possibilité d’en refuser ou d’en ajouter. C’est donc pour la France un outil politique, diplomatique et économique. Dans un article de Marianne de 1939, Jean Zay expose sa pensée. Il s’agit tout d’abord de créer une manifestation qui serait un « hommage du pays au cinéma ». Mais il affirme aussi que le Festival pourra confirmer « l'éclat incomparable de la production française depuis quelques années », tout en ne niant pas son « importance économique et touristique ». Il doit favoriser le « prestige international de notre pays » qui « ne peut qu’en sortir grandi ».

Cependant, initialement, il ne s’agit point de satisfaire une « volonté égoïste » de succès international. Ainsi, la France n’est censée avoir qu’un seul siège au sein du jury international, au même titre que toutes les autres nations. Mais, le ministre souligne malgré tout que le Festival s’efforcera de rester « bien français ».

Dans un article de Cinévie daté de 1947, le chargé des questions cinématographiques du Cabinet du Ministre de la Jeunesse, des Arts et des Lettres, Jacques Dieterle, rappelle cette fois que la France a, encore une fois, « réalisé des miracles ». Parmi ceux-ci, il mentionne explicitement « notre production cinématographique » présentée dans « notre Festival ». Dieterle déclare aussi :

« Le plus grand conseil à nous donner à nous-même [...] c’est de soigner au maximum notre propagande à l’étranger. »

Dans le même ordre d’idées, en 1947, Cinévie associe cinéma et haute-couture (les vedettes françaises en étant les hérauts), en espérant « que Cannes soit non seulement l’avant-poste du cinéma français mais aussi celui de la haute couture parisienne. »

Selon l’historienne du cinéma Pauline Gallinari, « ‘l’internationalisme’ optimiste des débuts a cédé le pas à une logique plus ‘franco-centrée’, qui apparaît [aussi] comme une garantie contre les dérapages politiques possibles. » Le jury de 1947, comme les suivants jusqu’en 1954, sera d’ailleurs uniquement français

Un lieu d’affrontement des deux grandes puissances

Mais ce Festival international est aussi le théâtre de l’affirmation culturelle des deux grandes puissances et un terrain privilégié des tensions américano-soviétiques.

En 1939, lors de la proposition du premier Festival, les États-Unis avaient témoigné un fort intérêt et promis « une participation à 150 % ». De même, quand leurs films sont sélectionnés, les Soviétiques vont y concourir avec  enthousiasme, remportant la première place par le nombre de prix obtenus lors du premier Festival de 1946. Cannes est en effet pour eux un vecteur idéologique à visée externe et interne. Ainsi, pour la radio soviétique : « si l’on comparaît les meilleurs films soviétiques avec ceux que les autres pays ont montrés au festival, la comparaison était toute en faveur de l’U.R.S.S. »

« Le Festival de Cannes a mis en pleine lumière, (...), la dégradation de l’art cinématographique bourgeois.

La plupart des films projetés à Cannes, qu’ils soient américains, anglais, hollandais ou de tout autre pays, mettent en scène des alcooliques ou des morphinomanes, font assister à la décomposition de la conscience humaine, et témoignent de la plus extrême pauvreté idéologique, manifestent un total manque de foi en l’avenir, en la vie et en l’homme. »

Certes, la première année de compétition permet aussi à l’URSS de s’afficher comme un acteur pacifique, notamment à travers le défilé qui ouvre le Festival. Mais elle fait aussi état de sa puissance, alors même que, selon plusieurs journaux, « les Américains avaient méprisé » la manifestation. Les journaux communistes, tel que L’Humanité, expriment évidemment leur joie de voir la participation et le succès du cinéma de leur « grand amie de l’Est », même s’ils s’enthousiasment aussi pour La Bataille du Rail.

Les choses changent dans les années qui suivent ; entre 1947 et 1953, l’URSS ne participera qu’à l’édition de 1951.

À partir de 1947, les invitations doivent être gouvernementales. L’URSS n’ayant pas obtenu celle-ci, elle fait mine de préférer un festival qui reste « international », celui de Venise. En effet, du fait des protestations de la Mostra (au départ, les deux festivals devaient alterner), Cannes a perdu l’épithète « international ». Le financement est donc pris en charge par la municipalité. Celle-ci a fort à faire, d’autant plus que le Palais du Festival, tout juste inauguré, perd sa toiture au cours des derniers jours de l’événement.

Le Festival n’aura d’ailleurs pas lieu ni en 1948 ni en 1950, officiellement pour de strictes raisons budgétaires. En réalité, il doit aussi s’affirmer face à des concurrents qui se sont multipliés depuis la fin de la guerre, d’autant que Paris ménage désormais les susceptibilités italiennes.

En 1949, alors que Cannes a récupéré son caractère international, l’URSS se voit à nouveau refuser sa participation par les autorités françaises. Préférant idéologiser ce refus, le régime soviétique se dit alors victime de « discrimination » du fait du règlement qui lie le nombre de films produits par chacun des pays, au nombre de films sélectionnés.

Déjà en 1947, il y a plus de longs métrages américains (9 sur 24, dont un documentaire et notamment un des Grands prix, décrié par les communistes, la comédie musicale Ziegfeld Folies) que de films français (6 sur 24). Selon Cinévie, les huit grands producteurs se seraient d’ailleurs mis d’accord pour présenter chacun un film, assurant ainsi l’hégémonie des États-Unis. Avec cette règle les Soviétiques, dont la production est au plus bas dans les années 1940 (seulement 16 longs-métrages en 1948), n’auraient eu le droit de présenter qu’un seul film, contrairement aux États-Unis, qui, du fait de leur production massive (300 à 500 films par an), peuvent montrer jusqu’à 12 films à Cannes. Les journaux communistes s’insurgent dès lors contre ce qui favoriserait un régime « de soumissions aux monopoles américains », dont les objectifs, pour Les Lettres françaises, seraient d’évincer les films soviétiques.

Pour L’Humanité, qui ne s’éloigne pas de la ligne soviétique, la réputation du Festival de Cannes est ainsi ternie par le fait que « ni l’Union Soviétique, ni les démocraties populaires ne s’y sont fait représenter » (il y a pourtant un film est-allemand et un yougoslave). Ce n’est donc, pour Les Lettres françaises :

« qu'une foire aux films publicitaires, encadrée de cocktails et de réceptions mondaines, mais bonne seulement à la réclame des grands hôtels et des tables de jeu du Casino. »

En réalité, ces critiques et cette prétendue discrimination cachent aussi, du côté soviétique, la peur de mettre en valeur la faiblesse de leur cinéma, face à la puissance triomphante du cinéma hollywoodien. En 1947, les Etats-Unis remportent en effet trois des cinq Grands prix (la France en obtient deux, dont celui du meilleur film). En partie à la suite des accords Blum-Byrnes contre lesquels protestent notamment la presse communiste, les organisateurs du Festival subissent en effet une forte pression américaine en vue d’écouler leurs films en Europe, avec des objectifs aussi bien économiques qu’idéologiques.

L’année 1949 est pourtant une année où le cinéma américain, en pleine période de maccarthysme (le film d’Edward Dmytryk, Obsession, est ainsi produit au Royaume-Uni où le cinéaste est alors exilé) présente moins de films que lors de l’édition précédente : 6 sur les 30, dont le Grand Prix néanmoins, Le Troisième homme de Carol Reed.

En 1951, ils amènent seulement 4 des 36 films sélectionnés, et le Grand prix leur échappe, en dépit d’All about Eve de Mankiewicz, qui le méritait selon L’Intransigeant.

En 1952, seulement quatre films américains font partie de la sélection des 35 longs-métrages. Il est vrai que parmi eux figure Othello d’Orson Welles (l’un des deux Grand prix, dont la proclamation est cependant accueillie par des huées), Un Américain à Paris (accueilli froidement), et Viva Zapata d’Elia Kazan (assez peu commenté). Ils restent malgré tout le pays qui en présente le plus, avec la France et l’Italie.

Face aux critiques et parce qu’ils ne peuvent être considérés comme un festival international sans la présence de l’URSS, les organisateurs révisent leur décision et invitent avec insistance les Soviétiques en 1951. Ceux-ci acceptent à la dernière minute. Pour autant, la manifestation tourne à l’affrontement diplomatique.

Comme si c’était le seul fait des Occidentaux, la revue communiste La Nouvelle critique se saisit des propos d’Henri Magnan dans le Monde du 18 avril 1951 (le festival a désormais lieu au printemps, pour éviter la proximité avec Venise), qui déplore un Festival « saisi par l’idéologie » et « en train de mourir, en tant qu'art international, asphyxié par la politique ».

C’est en particulier l’application d’un autre article du règlement qui prévoit le retrait d’un film au nom du « sentiment national », qui met le feu aux poudres.
L’URSS s’en saisit immédiatement pour protester contre le film suisse Quatre hommes dans une jeep qui fait l’ouverture. Émanant d’un pays neutre, il aurait été choisi pour « ménager les susceptibilités ». Pour la délégation soviétique, qui demande son retrait, il offenserait « la dignité nationale du peuple soviétique ». Aligné sur les positions du Quai d’Orsay, le comité  ne cède pas.

Les choses vont s’envenimer d’autant plus lorsque le festival rejette le documentaire soviétique La Chine libérée de Sergueï Guerassimov. Ce dernier, qui fait l’apologie de la Chine communiste, est considéré comme idéologique et injurieux à l’égard des Occidentaux. Cette décision provoque évidemment des objections véhémentes de la presse communiste, qui tient le film pour « le chef-d'œuvre du cinéma soviétique actuel ». L’URSS quitte dès lors la compétition !

Les deux années suivantes, les invitations du comité resteront sans réponse. C’est la mort de Staline en 1953, qui permettra son retour l’année suivante.

En 1952, en dépit des paillettes et des vedettes, le festival, comme en 1949, décevra une partie de la presse, à qui il semble encore fragile. Véritable miroir des enjeux politiques internationaux, il demeure en effet, au début des années cinquante, le terrain de jeu des grandes puissances et le lieu de tensions diplomatiques plus ou moins violentes.