Il évoque les promesses soviétiques d’une abrogation du statut d’occupant, explique la formation d’un cabinet de type « front national », les projets de ratification à l’Est des amputations de provinces orientales et les appels à la réunification de l’Allemagne. Il met aussi en avant le dilemme auquel font face les Occidentaux – le trio Acheson, Bevin, Schumann –, à savoir : ne rien faire et permettre à Staline de retourner l’opinion germanique en sa faveur, ou riposter et se ridiculiser.
Quid de la constitution du 7.10.1949 dans tout cela ? Deux occurrences intéressantes attirent l’attention. La première, explicite dans La Gazette provençale, souligne une dimension de ce texte constitutionnel qui pourrait paraître paradoxale : sa parenté relative avec la constitution de Weimar :
« Le nouveau Parlement mettra aussitôt en vigueur la constitution élaborée précédemment par lui-même sur le modèle de celle de Weimar. »
La seconde occurrence est parfaitement implicite, mais très appuyée dans une brève publiée par L’Humanité. En insistant par deux fois en quelques lignes sur la responsabilité du peuple qui s’exprime dans la constitution de la RDA, il est fait allusion a contrario à la Loi fondamentale de la RFA dans le préambule de laquelle la responsabilité du peuple devant Dieu est affirmée :
« Le futur gouvernement démocratique allemand sera responsable devant le peuple allemand et devant lui seul. »
Y est ajouté en gras dans le texte : « Responsable devant le peuple allemand et devant lui seul, le nouveau gouvernement pourra s’employer efficacement à restaurer l’unité allemande et à conclure un traité de paix qui permettra le retrait des troupes d’occupation », une phrase reprise d’un article de la Tägliche Rundschau de Berlin, dont seul L’Aube précise qu’il s’agit d’un journal soviétique.
On voit donc que ces six quotidiens apportent peu de grain à moudre sur le contenu de la première constitution de RDA en tant que telle, mais beaucoup d’éléments sur le rapport aux deux Allemagnes et le processus d’élaboration complexe qui vit naître cette constitution, adoptée le 19 mars 1949 par le Conseil allemand du Peuple (Deutscher Volksrat), puis confirmée par le Troisième Congrès du Peuple allemand le 30 mai 1949.
Qui cherche des commentaires sur le contenu de cette constitution devrait donc plutôt explorer les journaux à ces dates. Affaire à suivre !
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Sylvie Le Grand est historienne, maître de conférences habilitée à diriger des recherches en études germaniques à l’Université Paris Nanterre, et membre du CEREG (Paris Nanterre, Paris 3).