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Écho de presse

Les écoles de plein air, « paradis des petits malheureux »

Laboratoire d’expériences pédagogiques et lieu de développement de la médecine de l’enfance, l'école de plein air est vue dans les années 1930 comme le gage d'une jeunesse « saine et robuste »

écoleSuresnesSeconde guerre mondialeéducationenfantsécoles de plein air
Marina Bellot

Ecrit par

Marina Bellot

Publié le

19 novembre 2018

et modifié le 24 février 2025

Image de couverture

Un cours à l'école de plein air du boulevard Bessières à Paris, Agence Rol, 1921 - source : Gallica-BnF

Laboratoire d’expériences pédagogiques et lieu de développement de la médecine de l’enfance, l'école de plein air est vue dans les années 1930 comme le gage d'une jeunesse « saine et robuste »

Des salles de classe aérées et baignées de lumière, des exercices physiques et respiratoires, des menus équilibrés et des soins adaptés : telles étaient les promesses des écoles de plein air, dont le concept naît en Europe avec le XXe siècle.

Des pédagogues novateurs s’associent aux médecins hygiénistes pour concevoir ces écoles d’un nouveau genre, qui doivent offrir à l'enfant un épanouissement tant physique qu'intellectuel. D’abord destinées à des enfants pré-tuberculeux, elles s’ouvrent ensuite à d’autres publics : enfants affaiblis par les privations de la Grande Guerre, enfants atteints de déficiences physiques ou mentales, enfants des quartiers défavorisés.

Paris, Lille, Roubaix, Pantin... Plusieurs expérimentations d'écoles de plein air, souvent temporaires, sont faites en France. 

Le premier congrès international des écoles de plein air se tient à Paris en 1922. À cette occasion, L’Ère nouvelle  fait découvrir à ses lecteurs ce concept encore neuf qui, dans un contexte de  peur de la dépopulation et de l'affaiblissement de la « race française », a de quoi séduire :

« Notre époque est vraiment le siècle de l'enfant. Si tant d’efforts convergent vers lui, ce n’est plus, uniquement, parce que, devenu plus rare, il a pris plus de valeur, mais aussi parce que nous comprenons mieux l’importance des premières années de la vie. Les médecins affirment que la santé de l'individu dépend des soins donnés dans le jeune âge. [...]

De sorte que le psychologue et le médecin, d’accord avec le pédagogue, s’écrient : “Soignons nos enfants, élevons bien nos enfants, faisons-en la graine choisie de notre race dont sortiront de bons Français, robustes et éclairés.” [...]

Mais, comment assurer à l’écolier l'air et le soleil en abondance, tout en le protégeant contre les variations excessives de température ? L’école de plein air a résolu le problème. En face d'un beau panorama, elle choisit, de préférence sur un sol sablonneux, un emplacement bien ensoleillé et abrité des vents du nord.

Ça et là se trouvent quelques bosquets dont la verdure tempère en été l’ardeur du soleil. Puis, ouvrant la cage de l'écolier, toujours mal aérée, quoi qu’on fasse, elle lui dit : “Viens vivre ici, tu auras comme toit le ciel sur ta tête, et tes lumineuses journées d'enfant s'écouleront heureuses au milieu de la nature.” » 

En France, c’est à Suresnes, en 1935, qu’ouvre la première école de plein air permanente, sous l’impulsion de son maire Henri Sellier, qui sera bientôt nommé ministre de la Santé et de l’Urbanisme par le Front populaire.
 
Inédite, cette nouvelle école fait figure de modèle du genre et attire la presse parisienne qui lui consacre de nombreux reportages.

Le très populaire Paris-Soir, qui y consacre un reportage-photo,  s'enthousiasme :

« Les classes sont des cubes de verre posés dans la verdure d'un parc de 15 000 mètres carrés. Pas d'escaliers, mais des rampes. Des terrains de jeux, des douches, sont installés.

Quatre heures au maximum sent consacrées à l'étude ; le reste du temps aux exercices physiques. En haut : la leçon de géographie sur la mappemonde géante. En bas, une classe de tout petits, disposée en solarium. »

Même enthousiasme dans les colonnes du quotidien plus conservateur Le Matin, qui  y voit « un paradis pour les petits malheureux ».

La presse de gauche n'est pas moins séduite. Le Populaire  détaille ainsi les bénéfices de cette pédagogie nouvelle :

« L'école de Suresnes a été ouverte en 1935 avec 300 élèves, choisis parmi les petits Suresnois les plus fragiles. Les enfants y font une scolarité complète. Chaque année arrivent 30 nouveaux élèves âgés de 6 ans, le recrutement se faisant par le cours préparatoire.

L'école est donc permanente et ouverte toute l'année. Deux classes enfantines lui sont adjointes. Toutes les classes sont mixtes. [...]

Les menus sont établis par la directrice et le docteur. Celui-ci vient toutes les semaines et suit les enfants de très près. La surveillance est complétée par celle de médecins spécialistes. Une infirmière effectue les pesées, mensurations, examens respiratoires.

Une augmentation de poids moyenne de presque 2 kilos pour 10 mois de présence scolaire a été enregistrée. Les enfants respirent mieux, la capacité respiratoire est notablement augmentée. Ils sont plus calmes, plus disciplinés.

Les résultats scolaires ont été aussi heureux : le pourcentage des réussites aux examens étant supérieur à celui des autres écoles. Les récupérations intellectuelles ont été plus que satisfaisantes et permettent de penser que l'expérience tentée a donné toute satisfaction. »

Alors que le monde s'achemine inexorablement vers un nouveau conflit planétaire, l'école de plein air est vue comme le gage d'une jeunesse saine et forte. C'est même,  écrit le rédacteur du Populaire, « le point de départ de l'œuvre à entreprendre pour la majoration de la race ».

 « Dans ce que je nommerai l'équipement défensif du pays contre la maladie et la faiblesse physiologique, l'école de plein air doit occuper une place excessivement importante. [...]

Par l'école de plein air, nous avons la possibilité de revaloriser considérablement l'enfance. Ainsi, nous amorcerons, nous préparerons cette besogne de modelage des jeunes corps trop souvent anémiés, diminués ou blessés par le renforcement osseux, musculaire et organique, qui devra se poursuivre, se compléter, s'achever ensuite grâce à l'entraînement corporel, lequel doit durer toute la vie.

Ainsi, l'école de plein air est bien le début, le point de départ de l'œuvre à entreprendre pour la majoration de la race. »

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À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le mensuel proche du Parti communiste Regards, qui y consacre également un long papier documenté,  juge ce nouveau type d'école comme « la seule formule de l’avenir » :

« Si j'insiste tout particulièrement sur l'école de plein air, c'est qu'elle semble être la seule formule de l'avenir – un avenir construit d'une façon raisonnable, c'est-à-dire pleinement humaine.

Et, en effet, pourquoi réserver aux seuls enfants délicats une vie qui donne les mêmes résultats intellectuels et présente pour eux l'incontestable supériorité du bonheur ? [...]

Ce n'est pas une utopie. Il suffirait peut-être de mettre en balance ce que coûte actuellement à l'État l'assistance aux malades, tuberculeux retirés pour des années de la production, déficients, inadaptés sociaux, pour comprendre que la construction d'écoles de plein air, si on la réduisait à une question de gros sous, comporterait encore certains avantages. »

Après la Seconde Guerre mondiale, l’existence de ces écoles sera remise en question par la diffusion des antibiotiques, qui fera reculer durablement la tuberculose.

L'École de plein air de Suresnes, qui a fermé ses portes en 1996, demeure une référence. Elle est classée Monument historique depuis 2002.

–​

Pour en savoir plus :

L’école de plein air. Une expérience pédagogique et architecturale dans l’Europe du XXe siècle​, Anne-Marie Châtelet et Dominique Lerch,  paru aux éditions Recherches en 2003

Les écoles de plein air au XXe siècle. Histoire internationale d’une expérience éducative et de son architecture​, compte-rendu de colloque  à lire sur Persee

Mots-clés

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Marina Bellot

Ecrit par

Marina Bellot

Marina Bellot est journaliste indépendante, diplômée de l'Ecole de journalisme de Sciences Po. Elle a co-fondé en 2009 Megalopolis, un magazine d'enquêtes et de reportages sur la métropole parisienne, qu'elle a dirigé pendant trois ans. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages pédagogiques à destination des adolescents et a co-écrit une biographie de Jean-François Bizot, L'Inclassable, parue chez Fayard en 2017.

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