Quand L'Humanité défendait Sacco et Vanzetti
La condamnation à mort des deux anarchistes italiens arrêtés le 5 mai 1920 a suscité une violente indignation dans le monde entier. En France, jusqu'à la fin, le journal L'Humanité a défendu les deux hommes.
Le 21 août 1927, deux visages de face apparaissent en une de L'Humanité. Ce sont ceux de Nicolas Sacco et de Bartolomeo Vanzetti. Dans deux jours, ils doivent être exécutés par chaise électrique pour avoir mené deux braquages dans le Massachussetts, en 1920, le second ayant fait deux morts. Mais à l'époque, la thèse de la culpabilité de Sacco et Vanzetti, deux anarchistes d'origine italienne arrêtés le 5 mai 1920, est loin de faire l'unanimité.
Depuis 1920 en effet, de vastes mouvements de soutien aux accusés se sont organisés dans le monde entier. En France, L'Humanité multiplie les articles pour défendre ceux qu'elle considère comme des victimes de la lutte des classes. Le 21 août, le journal, qui consacre deux pleines pages à l'affaire, appelle à manifester, dans un dernier effort pour sauver les deux hommes.
Le 23 août, veille de l'exécution, le journal titre encore « Vivent Sacco et Vanzetti ! » et publie la dernière lettre de Sacco à son fils. Puis c'est l'exécution, dans la nuit du 23 au 24. Le quotidien raconte les derniers moments des condamnés :
"Avant de monter sur la chaise fatale, Sacco déclara : « Je meurs pour l'anarchie, pour la tranquillité de mon enfant, de ma femme et de tous mes amis. » […] Amené a son tour sur la chaise électrique, Vanzetti déclara : « Je n'ai jamais commis aucun crime et je vous remercie pour tout ce qui a été fait pour prouver mon innocence. »"
L'indignation est immense : pour de nombreux contemporains, Sacco et Vanzetti ont été victimes d'une parodie de procès et ont été condamnés pour leurs opinions politiques. Avec les années, une véritable mythologie se construira autour de cette affaire. Le 23 août 1977, le gouverneur du Massachussetts absoudra les deux hommes.
Pourtant, aujourd'hui encore, le doute demeure : ainsi, beaucoup de spécialistes, se basant sur une étude de balistique de 1961, estiment que Sacco (mais pas Vanzetti) était coupable... Il est probable qu'on ne connaîtra jamais la vérité.