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La Plume
La Plume
Les Unes emblématiques de ce titre de presse
La Plume est une des plus importantes revues littéraires et artistiques de la fin du XIXe siècle. Créée en 1889 par Léon Deschamps, un écrivain sans succès, mais un commerçant averti, La Plume parut jusqu’en 1914, avec plusieurs interruptions. Après la mort de Deschamps en 1899, Karl Boès acquiert la revue. Les années suivantes sont marquées par des difficultés financières qui obligent finalement le nouveau directeur de cesser la publication en 1905. Relancée en 1911, La Plume ne retrouve jamais son succès initial.
Sous la direction de Deschamps, la revue avait pour objectif d’être une scène sur laquelle les jeunes artistes et écrivains pourraient faire leurs premiers pas. Elle se prétendait ouverte à tous les mouvements et mouvances et a été perçue comme un moteur de la vie littéraire et artistique sur la Rive gauche, servant d’épicentre à un vaste système de sociabilités.
La Plume couvrait tous les aspects de la vie quotidienne littéraire et artistique. La juxtaposition des expositions (Le Salon des Cent), des soirées (Les soirées littéraires de La Plume), des banquets, les sections dédiées aux échanges sociaux de La Plume font d’elle une véritable entreprise littéraire et artistique, oscillant entre café et panthéon. Face à L’Ermitage et à La Revue blanche, où l’illustration reste limitée à des tranches chronologiques et à des objets précis, La Plume est illustrée dès son premier numéro.
En plus des activités revuistes, La Plume animait une maison d'édition, La Bibliothèque artistique et littéraire, qui a publié plus que 240 volumes.
Bien que le rattachement de la revue au mouvement symboliste a souvent été souligné elle n’a jamais été un organe symboliste proprement dit. Alors qu’elle débute dans le prolongement des sociabilités du Quartier latin et de Montmartre, ses options esthétiques vont connaître plusieurs moments. De sa phase symboliste, elle passe avec une gradation insensible à l’école romane, puis devient naturiste avant de se faire néo-symboliste.
De 1889 à 1890, la majorité des poèmes dans La Plume étaient marquées par la subjectivité, le monde extérieur était porté par un sentiment poétique privé de valeur picturale. Les vers étaient imprégnés de mélancolie et de désespoir, situés dans le demi-jour ou la nuit, dominés par une rêverie naïve. Les sujets préférés étaient la solitude, le désir charnel, le désillusionnement amoureux et la nostalgie. Verlaine est alors le dieu incontesté de La Plume. Deschamps n’omet aucune occasion de se féliciter de la collaboration constante du Pauvre Lelian, qui dépend d’ailleurs beaucoup de l’aide pécuniaire contribuée par La Plume.
À côté du symbolisme, une place assez importante est accordée à l’alternative offerte par René Ghil, l’école évolutive-instrumentaliste qui trouve son organe principal dans les Écrits pour l’art. Deschamps ouvre ses pages à Ghil pour qu’il puisse se défendre contre les attaques qu’il a subies de la part des Annales politiques et littéraires. L’école de Ghil sera ensuite présentée dans un article de Stuart Merrill. Mais en insistant sur l’impartialité totale de La Plume, Deschamps laisse glisser de plus en plus des attaques contre Ghil dans les colonnes de sa revue, ce qui mène finalement à une rupture qui pesait encore sur Ghil une trentaine d’années plus tard, dans ses mémoires teintés de mépris envers Deschamps.
En 1891, La Plume lance un numéro spécial conçu par Jean Moréas. Bien qu’intitulé « Le symbolisme de Jean Moréas », sa publication marque l’entrée de l’école romane dans La Plume. Comme cette école n’a pas fondé sa propre revue, celle de Deschamps devient son organe quasi officiel, ses œuvres principales seront parallèlement publiées dans la maison d’édition de la revue.
Conscient de l’attraction que représente alors la figure de Moréas, Deschamps lui consacre généralement la première page ainsi qu’à ses fidèles : Charles Maurras, Maurice du Plessys, Ernest Raynaud, Hugues Rebell et Raymond de La Tailhède. Alors qu’une approche quantitative révélera plutôt une faible représentation des contributions de l’école romane dans La Plume, il ne faut pas négliger cependant l’importance et le positionnement des articles et poèmes gravitant autour de ce mouvement. Leur présence dans La Plume était si marquée que Fernand Clerget s’est amusé à rebaptiser La Plume en Moréas dans une lettre à Deschamps, alors que Retté se plaignait que la première page fut encore une fois accordée au symboliste grec malgré un contrat qui stipulait une alternance de publication en première page entre Moréas et Retté.
En 1897, le paysage nocturne du symbolisme et de l’école romane est éclairé par les naturistes. L’amour de la nature et le désir du concret s’avancent comme une force réactive à la rêverie symboliste. Le naturisme commence dans La Plume avec une mention favorable d’Adolphe Retté en décembre 1896. Ensuite, Maurice Le Blond publie en avril 1897 « La crise littéraire et le naturisme » et en novembre de la même année un numéro spécial est consacré au naturisme.
Après la mort de Deschamps, Karl Boès transforma La Plume en une revue fermée qui s’est lancée dans le mouvement néo-symboliste en prenant ses distances avec la jeune littérature. Avec une liste de collaborateurs de qualité et restrictive, elle publie les vieux symbolistes autour de Merrill et de Moréas. Mais en se transformant en revue sérieuse, elle revendiquait une place déjà prise par le Mercure de France et s’effaçait ainsi des avant-gardes.
Deux ans à peine, après les réformes de Boès, la situation est précaire. Il essaye de se débarrasser de La Plume, mais personne ne veut l’acheter. À grandes difficultés financières, elle survit jusqu’en 1905. Lors de sa renaissance sous René Le Gentil, La Plume renoue avec ses origines polémiques. Pourtant le succès des origines ne revient pas.
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Pour en savoir plus :
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