Les stars du Moulin-Rouge
La Goulue, Mistinguett, Valentin le Désossé... Les artistes du Moulin-Rouge ont suscité la fascination de la presse dès l'inauguration du célèbre cabaret.
Le 6 octobre 1889 a lieu un événement d'importance pour tous les fêtards parisiens. C'est l'ouverture d'un tout nouveau cabaret, au pied de la butte Montmartre, un quartier alors très à la mode. Son nom : le Moulin-Rouge. Créé par Joseph Oller et Charles Zidler, deux hommes d'affaires, le lieu se distingue par son architecture de salle révolutionnaire et sa devanture illuminée, que domine un gros moulin peint en rouge, visible depuis les Grands Boulevards.
D'après le Gil-Blas du 8 octobre, la soirée d'inauguration est un franc succès :
"Jamais on n'avait vu autant de monde et jamais on ne s'est amusé plus franchement qu'à cette première. Dès neuf heures, il y avait foule place Blanche, et les voitures qui succédaient aux voitures amenaient les beautés les plus en renom du Paris de la haute noce."
Et d'énumérer les noms des « chercheuses d’œufs d'or au brillant plumage » qui se sont pressées à l'inauguration. Sans oublier ceux des danseuses qui feront la renommée de l'établissement : « La Goulue, la Môme Fromage, Grille d’Égout, Nana Sauterelle et Rayon d'Or ». Valentin le Désossé, autre vedette des lieux plus tard immortalisée par le pinceau de Toulouse-Lautrec, aura lui aussi droit aux honneurs de la presse. Le Matin lui consacre un article le 15 février 1893 :
"Une physionomie d'homme d'affairés panaché de clown ; l’œil gris, facétieux et roublard ; nez busqué, menton en galoche, entre lesquels s'aligne, comme un coup de couteau dans un fromage blanc, la bouche sarcastique et mince. Tel nous apparaît, en son royaume du Moulin-Rouge, vêtu de noir, cravaté de blanc, le doyen des danseurs actifs de bal public."
Les grands artistes de music-hall seront pléthore dans l'histoire du Moulin-Rouge, dont la réputation d'extravagance franchira rapidement les portes de Paris et celles de la France. Citons le duo comique formé par Footit et Chocolat, « étourdissants de verve et d'esprit » d'après Le Journal du 4 juin 1900. Ou encore Mistinguett, véritable star des lieux dans les années 20, sur laquelle Paris-Soir s'extasie en 1924 :
"Mistinguett ! Le seul mot qui soit de toutes les langues — parce que, d'un continent à l'autre, il signifie la gaieté nationale de notre esprit français."
Toujours en activité, le Moulin-Rouge continue d'accueillir touristes et curieux place Blanche, où son célèbre moulin continue de briller dans le ciel de Montmartre.