Mickey, chouchou de la presse française
La petite souris et son fondateur, Walt Disney, ont connu dès leurs débuts un immense succès en France.
Le 18 novembre 1928, les spectateurs du Colony Theater à New York découvrent Mickey Mouse dans le film Steamboat Willie, parodie parlante d'un succès de Buster Keaton, un comique du cinéma muet.
Alors que les premiers dessins animés sont des courts-métrages de quelques minutes, Walt Disney hisse cette technique au rang d'art à part entière. La presse française se prend au jeu et se délecte des aventures de Mickey auxquels elle consacre une foultitude d'articles laudateurs.
En 1931, on peut lire dans L’Intransigeant :
"Mickey Mouse la joyeuse petite souris bondit sur l’écran et d’un coup réinvente le cinéma. Mickey donne au son la même importance qu’à l’image. Souvent même, on a l'impression nette que c’est la cocasserie d’un air pimpant qui inspire les fantaisies ahurissantes de Mickey et que c’est l'image qui commente et exprime la musique, et non la musique qui souligne l’image."
Le personnage de Walt Disney, lui aussi, fascine. Le Figaro en 1935 retrace sa "vie aventureuse" :
“Né à Chicago, en 1901, il passa ses premières années dans une ferme du Missouri, parmi les animaux domestiques dont il devait s'inspirer plus tard […].
Un journal, pour 35 dollars par semaine, fit paraître ses premiers dessins. Établi dans un garage abandonné, avec des moyens de fortune, Walt Disney réalisa son premier conte animé — Le Petit Chaperon Rouge — dont il céda l'exclusivité à une firme qui fit banqueroute […].
Associé avec son frère Roy, Walt Disney, installé à Hollywood, reçoit commande d'une série de dessins animés : il se marie, loue une vieille caméra, et tour à tour naissent « Oswald le lapin » et « Mickey Mouse »."
Quant au nouveau métier d'"animateur", il intrigue la presse qui se réjouit des tourments que les personnages causent à leurs créateurs :
"Ces collaborateurs qui dessinent actuellement les nains, interprètes du premier « grand film » de Walt Disney, Blanche Neige et les Sept Nains, éprouvent les plus grandes difficultés, car les sept petits hommes sont des personnages entièrement nouveaux qu'il faut créer de toutes pièces, sans avoir en mains le moindre document provenant de films antérieurs […].
Et les lunettes de Doc, glissant quelquefois trop bas sur son nez, causèrent, elles aussi, leurs drames."
Pas question pour autant de se faire voler la vedette : Le Figaro, un brin agacé, rappelle en 1938 que Disney s’est inspiré du caricaturiste montmartrois Émile Cohl :
"Mickey Mouse célèbre cette semaine son huitième anniversaire et rien n'a été ménagé pour donner dans le monde entier à cette manifestation toute la publicité que les Américains savent apporter à la glorification d'inventions qu'ils jugent leurs !"