Et l’élection présidentielle devint un événement médiatique
Sondages avant l'heure, reportages, concours électoraux... La forte médiatisation du scrutin présidentiel a commencé dès la IIIe République, comme nous l'explique l'historien Benoît Lenoble.
La dernière campagne électorale pour l’élection présidentielle a confirmé le poids et l’influence des médias en matière de vie politique et de débat public. Cette dynamique est vieille de plus d’un siècle. Durant la IIIe République, l’élection du président fait l’actualité croissante dans les journaux alors même que les citoyens-(é)lecteurs ne sont pas appelés aux urnes (voir ce graphe montrant la fréquence de citation dans la presse de 1870 à 1940).
Jamais auparavant une élection présidentielle n’a été aussi médiatisée en France que celle de 1913. Alors unique moyen d’information à grande échelle, la presse quotidienne ne se contente pas de suivre le vote des parlementaires. Elle fait de l’élection un sujet de divertissement et de jeu. Dans son édition du 16 novembre 1912, le quotidien illustré Excelsior annonce :
"Le 17 janvier 1913, le Sénat et la Chambre des députés constitués en Assemblée nationale se réuniront à Versailles pour procéder à l’élection d’un nouveau Président de la République, conformément à la loi constitutionnelle du 25 février 1875. Qui sera élu ? C’est la question que pose Excelsior à ses lecteurs sous la forme d’un concours intéressant par son actualité et attrayant par les prix importants dont il est doté."
Plus de 50 000 francs de prix et 30 000 francs de prix de valeur, dont des pianos, meubles et autres objets d’art, sont annoncés en récompense. Les concurrents sont invités à désigner le nom du prochain président en envoyant la feuille de réponse spéciale et les 45 bons de concours que le quotidien publie jusqu’à la fin du mois de décembre.
Sondage avant l'heure
Le périodique ne fait que rependre un...
Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.