Extrait du journal
quefois le mal. C'est assez si la loi met des bornes 3 cet excès de li cence qui compromet tous les jours l'ordre public et l'existence -de la société. Or, la question de savoir si la presse est libre ou si elle ne l'est pas, est une de celles sur laquelle le public ne peut pas se tromper, et non seulement si la presse est libre, mais si elle ne l'est qu'en surmontant tous les dangers par son courage. Avec un certain de gré d'énergie, on est libre sous tous les régimes. On l'était même sous Robespierre, pourvu qu'on fût décidé à braver la mort.Ge n'est pas de cette liberté là que nous parlons. Il sera bien aisé de voir au ton de la presse si elle se sent sous l'oppression, si ses mouvemens sont contraints et son langage embarrassé, si elle fait effort sur elle-même pour être libre. Sauf l'offense à l'inviolabilité du Roi et la provocation au désordre qui, de l'aveu de tout le monde, doivent être réprimées, on verra si la loi met l'interdit sur la discussion ; pour nous, nous sommes si loin de craindre que la loi ne porte at teinte àla liberté, que nous doutons même qu'elle atteigne com plètement le but qu'elle se propose, celui de supprimer les atta ques contre le Roi et contre la Constitution. La gravité même des peines et l'élévation du tribunal, supposent l'énormité du délit. Mais si la presse est libre, et libre jusqu'à cette licence qu'il faut savoir tolérer parce qu'elle est un des effets ét un des signes de la liberté, si le public s'en convainc tous les jours par ses pro pres yeux, que deviennent les déclamations de l'Opposition? Oû est la censure? Où est la tyrannie? L'Opposition aura prophétisé à faux pour, la centième fois depuis quatre ans ! . Nous nous trompons peut-être? Cela est assurément fort pos sible; en tout cas, le remède n'est pas loin. Rien n'est plus rap portable qu'une loi. Les,majorités qui font les lois sont faites elles mêmes par l'opinion publique et par les électeurs. Vous dites que la seule présentation de ces lois a déjà bien changé l'opinion pu blique ? Leur mise en vigueur, si elles sont mauvaises, la changera bien davantage ! Pourquoi donc ces désespoirs de l'Opposition et ce manque de foi dans l'efficacité du gouvernement représentatif! Est-ce que la Charte a promis, est-ce qu'elle a pu promettre qu'on ne ferait plus que de bonnes lois ? Et qu'est-ce qu'une bonne loi ? Celle qui est bonne pour vous, n'est-elle pas mauvaise pour moi? Croyez-vous, par exemple, que nous vous verrions avec plaisir bouleverser tout notre Code électoral, comme vous vous promettez de le faire si un jour vous êtes les maîtres? Une loi n'est jamais bonne pour tout le monde, pas plus qu'un ministère. Mais il y a une majorité, et c'est elle qui fait les lois et le ministère; c'est elle qui décide ce qui, sans cela, ne se déciderait que par la force. Tout le gouvernement représentatif est dans l'empire des majorités. La plus mauvaise loi du monde, faite par la majorité, vaut mieux que Id meilleure loi du monde faite malgré la majorité. Les ordon nances de juillet eussent-elles été en elles-mêmes aussi sages qu'elles étaient insensées, l'atteinte à la liberté n'eût pas été moindre. Rien ne pouvait compenser la destruction du principe qui veut que toutes les lois soient faites avec le concours des Chambres et par leur majorité. Aussi, quand l'Opposition compare les lois actuelles avec les ordonnances de juillet, montre-t-elle bien peu d'intelligence du gouvernement représentatif, même quand 011 admettrait°avec elle que ces lois sont détestables. Ayez donc le courage de vous adresser à la majorité ! Parlez aux électeurs et ayez confiance ! Si les lois sont si mauvaises, ils le verront bien à l'épreuve! Ne se rait-ee pas cet le épreuve même que redoute l'Opposition ? Ne sent elle pas qu'après avoir si souvent entendu répéter' depuis quinze jours que les lois nouvelles allaient tuer la liberté, le public sera tout surpris de voir la liberté aussi franche et aussi entière après qu'avant les lois? Quoi qu'il en soit, voici une occasion pour le pu blic de savoir au juste à quoi s'en tenir sur le gouvernement et sur l'Opposition; nous ne saurions trop l'engager à être attentif....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - nobili
- arago
- britannique
- josselin
- charles ii
- arag
- bouvard
- pelouze
- boussingault
- montesquieu
- berlin
- espagne
- cham
- londres
- lisbonne
- rome
- italie
- paris
- halley
- france
- i. j
- chambre
- chambre des pairs
- observatoire de paris
- faculté des sciences