Extrait du journal

Napoléon, étant premier consul, entreprit une grande et noble tâche ; il mit sa gloire à réconcilier des partis qui , pendant dix ans, s’étaient livrés des combats à mort, à n lever les temples détruits, à remettre en honneur et en lumière tous les talons qui avaient fait fausse route durant la sanglante anarchie qui avait précédé le 18 Brumaire. A tous il dit : oubliez vos fatales discordes ; venez à moi ; à ce prix, je couvrirai toutes vos erreurs du prestige de ma puissance et de mon nom ; je vous ferai participer aux travaux immortels dont ma pensée est pleine; je vous ferai entrer dans ma gloire.— Alors la France était lasse de toutes les déceptions politiques ; hommes et théories, elle avait tout usé ; l’égalité des droits et l'indépendance nationale garanties, elle n’avait plus soif que de repos et d’ordre. Napoléon obtint un facile succès dont la postérité lui a tenu compte au-delà même de ce qu’il lui en coûta de prudence et de peines ; les factions découragées purent s’humilier sans honte devant ce jeune Iront, couronné de tant de palmes cl sur lequel semblaient reposer toutes les destinées de 1 avenir ; la liberté civile elle-même disparut un jour , entre deux victoires , comme un obstacle et un abus, sans soulever ni séditions ni murmures....