Extrait du journal

L impression pénible que nous avait laissée ce souvenir classique s’est renouvelée jusqu'à l’irritation la plus douloureuse , quand nous avons été obligés de suivre dans tous ses détails la déplorable discussion de la chambre des députés sur notre conquête d’Alger. Ici, la faction qui refusait de seconder le triomphe national était plus odieuse que celle de Carthage; celle-ci redoutait fa tyrannie d'Annibal, la nôtre se I laissait évidemment dominer par la peur de l’écran- I ger ou par un sentiment plus méprisable encore, il s agissait du premier pas que la France eut osé faire hors de son territoire, depuis qu’elle a été constituée prisonnière en Europe par les traités de 181 i et 1815, et nous avons entendu des hommes qui prétendent représenter cette France, lui crier lâchement: recule! garde-toi de rompre, ton ban ! Il y avait question d’honneur, de grandeur nationale , et ils en ont fait une question d argent! 11 était à décider si on conserverait des habitudes guerrières à la France , si on lui garderait un champ de manoeuvre pour exercer son armée, pour la tenir en état de défendre , au besoin , son indépendance et ses frontières, et on a insinué qu’il fallait anéantir tout esprit militaire dans la noble nation des Gallo-Francs 1!! Qu'eussent pu dire de plus, en 1815, les Nesselrodc, les Mellcrnich et les Castcllereag?...