Extrait du journal

DES PÉTITIONS SUR LA RÉFORME ÉLECTORALE. La grande question réformiste s'est présentée l’autre jour, à la chambre, sous les auspices de MM. Arago et Garnier-pagès. Les deux orateurs l'ont soutenue, l’un avec cette généreuse chaleur, celte vive éloquence qui lui sont propres, l’autre avec cet esprit incisif, ce bon sens spirituel qu’il possède à un si haut degré. Toutes les pétitions, comme il était facile de le prévoir, ont été accueillies brusquement par l'ordre du jour; on n’a fait aucune différence entre celles qui se bornaient à demander que les officiers de la garde nationale fussent admis au vote et celles qui réclamaient pour tous les contribuables, une part de la vie politique. A peine at-on daigné les discuter. On eut dit que la réforme électorale était chose si nouvelle, si étrange, si peu raisonnable , que ce fut presque une honte de s’y arrêter quelques instants. Nos législateurs passent fort bien des mois entiers à tourner en tous sens deux ou trois paragraphes d’une adresse, à paraphraser plus ou moins académiquement les discours ministériels, mais s’occuper deux jours d’une question fondamentaleleur ,a paru sans doute du plus haut ridicule, aussi la voix de deux cent mille citoyens honorables a-t-elle été bien vite étouffée sous quelques paroles outrecuidantes de M. Tbiers et sous les quolibets de M. Bugeaud....