Extrait du journal

la France nouvelle que cette poussée triomphante du caillautisme sur les ruines de la Patrie ! Il lui fallait l’occasion d'une catastrophe nationale pour réussir ; mais réussir quoi ? Rien d'autre que de persuader l'opinion que l'homme du Rubicon eut, malgré une vie bourrée d’échecs et de capitulations, raison contre tout le monde, que lui seul a vu clair et que l’on s'en serait aperçu un jour sans l’association intermittente de trois hommes qui, tout en se haïssant mutuellement, se réconciliaient pour lui barrer la route ; il est vrai que Clemenceau, Poincaré et Briand ont porté sur Caillaux un jugement identique et que l’Histoire a ratifié. U est vrai aussi que Caillaux avait l'inconsciente faculté de ramener la paix entre les hommes les moins préparés à l’accepter, par la menace qu'il représentait pour chacun. Mais cela ne suffit pas pour expliquer, une carrière qui, commencée sur les genoux du duc de Doudeauville, en passant par les scandales financiers, l’assassinat, l'impopularité, la Haute-Cour et l'interdiction de séjour, a finalement abouti au plus complet aveu d'impuissance qui soit jamais tombé des lèvres d’un homme d’Etat....