Extrait du journal

Noire Congrès était à peine achevé, dans l’enthousiasme et dans la joie, que nous parvenaient de Pologne, les premières nouvelles du pogrome. On en lira d’autre part les détails, l’émouvante et tragique progression. On verra comment, sous un prétexte dérisoire, les fameux national-démocrates, c’est-à-ilire, les représentants de l’extrême-droite politique polonaise, c’est-à-dire, les hitlériens polonais, se sont rués sur la population juive de Lwow, ont tenté de de la massacrer, ont fait couler un sang innocent et déclenché sur tout le pays une offensive qui semble bien, si l’on en croit les informations de dernière heure, être le prodrome d’une action concertée et généralisée contre les Juifs. Nous n’avons pas à chercher ici quels sont les responsables directs ou indirects de cet état de fait et nous serions de bien mauvais défenseurs des per sécutés si nous nous en tenions aux seules apparences et si nous nous contentions de juger ces tristes événements à la pâle lumière des télégrammes de presse. Les responsabilités de ces pogromes, en vérité, ne sont pas unilatérales, et nous n’aurons pas la candeur de nous en prendre exclusivement aux nationaldémocrates. Si l’on avait voulu depuis longtemps interdire aux national-démo crates cette sorte de militarisation permanente à laquelle ils se complaisent, les deux cents et quelques victimes juives d’aujourd’hui ne seraient pas à déplorer. Le jeu des politiques, en Pologne comme ailleurs, consiste, sous couleur d’équilibre des partis, à favoriser en fin de compte les groupements de réaction et d’oppression. Les Juifs, en Pologne, ont été de tout temps désarmés, confinés dans leurs ghettos, réduits au rôle de boucs émissaires, tandis que leurs pires en nemis ont eu licence de créer des formations disciplinées, où l’argent affluait, où les armes ne* manquaient pas....